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Barbara Chase-Riboud : une artiste de bronze et de soie


Une artiste, une anecdote sur Barbara Chase-Riboud, une artiste à la fois solide et fluide.

L’artiste Barbara Chase-Riboud naît en 1939 à Philadelphie, aux États-Unis. Fille de Charles Edward Braithwaite Chase, un entrepreneur en construction, et de Vivian May West Braithwaite Chase, une assistante médicale, elle montre très tôt des talents prometteurs. Dès l’âge de 7 ans, elle prend des cours du soir au Philadelphia Museum of Art et à la Fletcher Academy. Elle se distingue également par ses talents d’écriture. À seulement 11 ans, elle compose un poème sur la mort et la renaissance, mais son professeur remet en question la paternité de son œuvre. Traumatisée par cet incident, elle décide de délaisser l’écriture pour se consacrer à la sculpture.

« Je crois que je suis née avec le goût pour l’art et mes parents m’ont encouragé dans cette destinée. J’ai pris des leçons au Musée d’Art mais aussi des leçons de danse et de piano. J’avais très peu de temps à moi pour être petite fille parce que j’étais tout le temps occupée. »

Barbara a 16 ans en 1955 lorsqu’elle remporte le concours du magazine Seventeen. La sculpture est alors achetée par le MoMA, la faisant remarquer comme une prodige. Elle obtient 2 ans plus tard un Bachelor of Fine Arts à l’université Temple de Philadelphie. Barbara reçoit ensuite une bourse pour étudier à l’Académie américaine de Rome. Elle voyage ainsi en Europe et en Égypte, qui lui inspirera « The Last Supper » en 1958. Cette année-là, elle prend part au tout premier festival des Deux Mondes à Spolète, en Italie. En même temps, elle collabore sur des décors de péplum dans les studios de Cinecittà à Rome.

L’artiste continue ensuite son parcours académique en étudiant l’art à l’université Temple, puis à Yale. Josef Albers du Bahaus lui enseigne la peinture, Louis Khan, le design. Elle y devient la première femme noire à obtenir un diplôme en design et architecture. Après avoir terminé ses études, elle s’installe à Paris. Elle y fait la connaissance du photographe Marc Riboud, qui deviendra son mari en 1961. Le couple parcourt le monde, visitant des pays tels que la Grèce, la Turquie, l’Égypte et l’Italie. Marc Riboud lui donne le tendre surnom de « la petite Américaine ».

Leur voyage en Chine en 1965 influence profondément sa pratique artistique. L’artiste devient plus engagée après avoir rencontré des membres du Black Panther Party lors du Festival panafricain à Alger en 1966. Cela abouti à une stèle en hommage à Malcolm X en 1969, la première d’une série que l’artiste poursuivra jusqu’en 2017.

Elle réalise en 1973 « Harrar/Middle Passage », une référence directe au « passage du milieu ». Cette expression désignant la traversée de l’Atlantique lors de la traite négrière. Les matériaux sont utilisés en opposition : la corde, élément doux mais serré entre deux blocs de marbre rappelant des lames. La même année l’artiste crée « Standing Black Woman/ Black Tower », une forme monolithique et une couleur monochrome rappelant les totems des peuples d’Afrique de l’ouest.

Sa carrière littéraire débute en 1974 avec « From Memphis and Peking », un recueil de poésie. Puis en 1979 elle publie « La Virginienne », son premier roman qui deviendra un best seller. Elle raconte une histoire d’amour entre Thomas Jefferson, président des États-Unis et Sally Hennings, une femme noire esclave. Séparée de Marc Riboud, elle épouse Sergio Tosi en 1981.

En 1996, la France lui remet le titre de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Deux ans plus tard, en 1998, Barbara Chase-Riboud réalise « Africa Rising », sa première sculpture à portée politique. Haute de 5 mètres et placée devant le siège du FBI à New York, la sculpture rend hommage à Saartje Baartman. Pour la réaliser, l’artiste s’est inspirée de la Victoire de Samothrace en y ajoutant des éléments de cultures africaines. Cette figure inspire également son roman « Vénus hottentote », paru en 2003.

Les sculptures de Chase-Riboud, combinent bronze et textile. Allant à l’encontre des tendances minimalistes de son époque, ses œuvres fusionnent esthétique et engagement social. Possédant une profondeur mêlant cruauté, colère, inquiétude et effroi, elles rappelent les anatomies exposées par Honoré Fragonard. Elles abordent la problématique de l’invisibilisation et de la perte d’identité dans l’histoire afro-américaine.

Suite à la mort de George Floyd en mai 2020, elle propose de repositionner « Africa Rising » face à la statue de Theodore Roosevelt, devant le Muséum d’histoire naturelle de New York.

En 2021, Barbara Chase-Riboud est élevée au rang de Chevalière de la Légion d’Honneur et reçoit également le prix AWARE pour son mérite exceptionnel. De son côté la Fondation Simon et Cino Del Duca lui décerne le Grand Prix artistique.

Les créations de Barbara Chase-Riboud, ses succès et ses défis jalonnent un parcours riche en voyages à travers l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Elle rencontre ainsi des figures emblématiques comme Joséphine Baker et Mao Tsé-toung, ainsi que des artistes renommés tels que Cartier-Bresson et Salvador Dalí.

« Durant ces voyages, il y a eu une transformation totale de ma personnalité, de ma personne et de ma pratique artistique parce que j’ai découvert l’art non-occidental et j’ai compris à ce moment-là l’importance de l’art provenant d’ailleurs. »

Les sculptures de l’artiste Barbara Chase-Riboud conjuguent des éléments masculins et féminins, occidentaux et africains. Elles possèdent simultanément une qualité brillante et sombre, ainsi qu’un caractère minimal et baroque. Ses sculptures, monumentales, utilisant des matériaux contrastés, créent un équilibre paradoxal. En effet le tissage apparaît robuste et le bronze étonnamment léger. Ces œuvres révèlent une fusion de force et de vulnérabilité, refusant toute catégorisation simple.

Au revoir et à bientôt pour une nouvelle anecdote !

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