Patiner une sculpture est une étape cruciale qui contribue grandement à son achèvement. Lorsque l’on décide de la méthode à utiliser, il est essentiel de prendre en compte différents aspects, tels que l’apparence finale désirée et la matière de la sculpture. Ces choix auront un impact considérable sur le résultat final de l’œuvre. La couleur joue un rôle crucial dans le processus de patine. En utilisant les bonnes techniques et en tenant compte des différents éléments esthétiques, la patine d’une sculpture peut apporter une dimension supplémentaire à l’œuvre et la rendre vraiment unique.

Pourquoi patiner une sculpture ?

Pour l’esthétique !

Faire une patine entre pleinement dans la réalisation d’une œuvre.

Quel rendu, quelle matière ? Faut-il laisser ressortir la matière ou au contraire la couvrir complètement ?

Pour la protection !

Faire une patine permet aussi de protéger une œuvre de la poussière, des éclaboussures, de l’humidité. Cela évite à une œuvre de s’effriter par exemple. Alors à savoir, une terre non cuite ou une terre sans cuisson, ou un plâtre sera toujours fragile. La cuisson permet de fusionner la matière.

Avant de patiner un travail que vous aimez, je vous conseille d’abord de vous exercer sur d’autres modèles test. En effet, ce n’est pas garanti que le résultat soit à la hauteur de vos attentes. Le mieux est ainsi de faire des essais sur des modèles dont la couleur se rapproche de votre œuvre principale. Si vous n’en avez pas, commencez par le dessous de l’œuvre.

Comment patiner ma sculpture ?

Patiner une sculpture, c’est jouer avec les couleurs, la transparence, la matière, le temps aussi. La transparence est d’ailleurs un des procédés utilisés par les artistes pour ajouter des notes plus ou moins sombres dans leurs œuvres. L’artiste peintre Rothko avait le secret de ses couleurs finales du fait de ses superpositions.

La couleur toute une histoire…

Rappelez-vous Yves Klein, l’artiste français célèbre pour son bleu unique : l’International Yves Klein Blue, inspiré par le mouvement suprématiste.

La théorie des couleurs a d’abord été basée sur les couleurs primaires. Mais c’est Goethe qui a conceptualisé une théorie plus psychologique en considérant l’expérience de la couleur par l’œil. Ses idées ont inspiré les peintres, notamment les Impressionnistes. Ils ont révolutionné l’utilisation de la couleur en rejetant l’idée traditionnelle d’ombre, et en explorant de nouvelles façons de représenter la lumière et la couleur.

Le peintre français Soulages a décliné le noir sous toutes ses nuances et su créer un noir lumineux. Des sculpteurs talentueux on apporté couleur et nouveauté dans leurs oeuvres comme Gérôme ou Charles Cordier. Ils ont intégré différentes matières et des marbres colorés. Cliquez sur ce lien pour lire l’article « Comment la couleur en sculpture brise les préjugés ». Plus récemment Niki de Saint Phalle, César avec ses compressions et ses expansions et Koons avec son chien gonflable rose ou son coeur rouge scintillant.

Le fond de votre patine

Pour commencer à patiner votre sculpture, il faut donner une couleur de fond à votre œuvre. Elle va donner la direction de l’effet : du vert, du marron, du gris/bleu pour un bronze, le marron encore pour le bois, le gris/bleu pour un acier ou argenté, le rouge pour un effet cuir ou bois exotique…Bref observez les objets autour de vous et regardez leur couleurs. Celle en surface, celle en fond qui se cache dans les creux, celle qui apparaît lors des frottements.

Différentes matières permettent donner à vos sculptures leur couleur de fond :

• Peinture acrylique Ces peintures se diluent à l’eau, compatibles avec tous les types de supports tels que le plâtre ou la terre. Elles sont disponibles dans une large gamme de teintes tels que les couleurs de bases, et d’effets nacré, métallisé, iridescent, etc. Ces couleurs s’appliquent au pinceau. Elles vont nous servir de base dans cet atelier.
• Pigments en poudre Les pigments en poudres peuvent également être utilisés pour teinter le plâtre qui peut permettre une couleur de base.
• Gomme laque La gomme laque mise dans une assiette est mélangée progressivement au pinceau. Personnellement je trouve que c’est trop couvrant une fois sec. Vous pouvez y mélanger des pigments de base bleu outremer, rouge vermillon, jaune cadmium, puis faire vos teintes.
• Colorants végétaux Vous avez également les colorants végétaux tels que du Brou de noix que j’ai beaucoup utilisé. C’est très naturel comme teinte. Vous pouvez utiliser également le café, le thé ou pourquoi pas des plantes broyées mais cela restera très clair comme coloration.

Et toujours tester au préalable !

Les nuances avec la cire

Après l’application de la couleur, dans un second temps j’applique une première couche de cire colorée ou incolore. Une fois sèche je la frotte puis selon l’effet de couleur recherché, j’applique une seconde couche de cire. Je laisse sécher avant de lustrer la sculpture. Un linge en laine c’est le top pour lustrer, il suffit de découper un vieux pull.

Je trouve les cirages à chaussures chez le cordonnier. Vous pouvez aussi utiliser des cires pour meubles. Celles-ci sont en général de très bonne qualité et se déclinent de transparent à toutes les teintes de bois. Elle se diluent à l’essence de térébenthine, Vous pouvez aussi les utiliser en tamponnant ou telles qu’elle.

L’atelier patine : après la théorie, la pratique

Le matériel

Comme dit plus haut, pour cet atelier nous utiliserons la peinture acrylique comme base de travail.

• Des tubes de peinture acrylique (ici nous avons plusieurs couleurs mais vous choisissez celle qui vous plaît) ;
• Du cirage à chaussure ou de la cire de meuble ;
• Des pinceaux brosse plat et court pour appliquer l’acrylique ;
• Des pinceaux brosse bien fermes pour certains recoins plus difficiles d’accès (aussi utiles une fois séchés pour l’application de la cire au tampon) ;
• Un chiffon en laine (un vieux pull découpé fera l’affaire) ;
• Des godets (pots de yaourts, compotes, ramequins,…) ;
• De l’eau ;
• Un peu de musique ?

Au travail !

Nous allons finir les œuvres réalisées aux ateliers colombins, empreintes, reproduction/moulage. Voici les liens vers ces ateliers :

• Comment reproduire une sculpture avec votre moule
• Donnez vie à vos créations : Techniques d’empreintes et de textures
• Le colombin : comment créer avec une technique ancestrale

Préparer ses couleurs

On s’installe avec sur son plan de travail des godets contenant un camaïeu de différentes couleurs. Les bleus, les verts, les rouges, les bruns…

On met une petite noix sur le bord de chacun des petits godets qui pourront accueillir l’eau pour diluer afin de « tirer » progressivement la quantité dont on a besoin. Vous pouvez déjà mettre des déclinaisons de bleu sur des petits médaillons en terre ou une plaque en y faisant des bandes de couleur pour voir le rendu. Il peut être différent selon le matériau qui « boit » plus ou moins la peinture.

Attention ! Ne pas commencer avec une couleur trop foncée, sauf si vous voulez une patine noire. De préférence, on fonce progressivement pour mettre de la transparence et des reflets différents. La patine prendra ainsi des teintes différentes. Cela reste subtil, mais marque les effet de nuance.

Appliquer sa base de peinture

Vous êtes prêt à faire des allers retour avec votre pinceau brosse en tamponnant comme le ferait des artistes du pointillisme mais assez rapidement pour que les couleurs se relie entre elles. L’acrylique sèche vite, le matériau absorbe plus ou moins rapidement l’eau.

Quand l’oeuvre est entièrement recouverte vous pouvez revenir avec une couleur plus soutenue mais très diluée pour qu’elle se fonde avec la première base de couleur. Puis encore une troisième fois si vous sentez que c’est nécessaire. Laisser sécher au moins 3 heures selon les conditions, une nuit c’est parfait.

L’étape du cirage

Deux options soit transparent si la couleur en acrylique vous convient soit une couleur déclinée. Par exemple pour une base acrylique rouge, on prendra du bordeaux clair ou rouge oranger. Toujours on teste sous la sculpture si possible. Puis on se lance, toujours à l’économie : ces matières coûtent cher.

D’abord tamponner…

Avec un pinceau brosse plus large on tamponne partout puis on laisse sécher une nuit, trois jours elle prendra un peu de poussière ce n’est pas dérangeant au contraire. Dans mes ateliers, un de mes élèves laissait sécher une semaine entière dans le placard de l’atelier. La sculpture prenait un peu de poussière, donnant ainsi un effet de temps à la matière.

Puis lustrer

Ensuite passage du chiffon doux en laine. On frotte très très légèrement au départ pour ne pas risquer de retirer de la matière. Puis progressivement on frotte plus fort pour étaler la cire et vous verrez la magie opérer. L’oeuvre brille, scintille et devient superbe car la lumière peut circuler. Le rendu est professionnel. N’hésitez pas à frotter votre œuvre régulièrement pour la lustrer. Avec le temps votre sculpture se ternira, alors viendra le moment de la restaurer, de la patiner à nouveau pour quelques années.

Une dernière chose, pensez à célébrer ce moment ! Vous pouvez le partager avec vos amis et famille, mais surtout célébrez en vous ce travail accompli.