Vous voulez reproduire une œuvre, une sculpture, le détail d’une création en faisant votre propre moule. Ou préférez réaliser une création inspirée d’une œuvre qui vous plaît à partir de sa copie, en la déclinant à votre manière. Ou créer une nouvelle œuvre à partir de celle-ci ?

Je vous propose de réaliser votre moule simplement en utilisant de la l’argile à cuire ou de la terre auto-durcissante. Puis de réaliser la reproduction en terre ou en plâtre. Ce sont des techniques accessibles qui demandent peu de fournitures.

Laissez votre créativité s’exprimer en réalisant vos moules d’après votre modèles. Avec un peu d’audace et en travaillant avec soin, vous pouvez ainsi réaliser des choses étonnantes et obtenir une copie pertinente.

1 – À quoi sert un moule en sculpture

Un moule est un objet qui permet de reproduire un modèle de manière identique à plusieurs reprises. Les moules réalisés sont soumis à l’usure. Quand on parle de copie on ne parle pas d’industrie car trop de répétition élimine les détails. Votre moule peut se réaliser en creux (moule femelle) ou en relief (moule mâle). Il est souvent désigné sous le terme de « pris d’empreinte » ou de « négatif » dans les ouvrages de référence. Quant au modèle, c’est l’objet que l’on souhaite reproduire. Si l’on doit créer ce modèle, on parle plutôt de « maître modèle » ou de « master ».

Il est primordial de prendre en considération que la surface interne du moule reflétera de manière exacte votre modèle, qu’il soit lisse ou poreux. Les imperfections et les fissures sur le modèle se transposent également sur le moule. Le moule représente le négatif parfait du modèle, tel une photographie. Il est donc crucial de travailler avec minutie dans un environnement calme et ordonné.

Afin d’assurer un démoulage facile, il est essentiel que votre modèle soit à « dépouille » suffisante. Pour la production d’une boîte simple par exemple, il est recommandé d’adoucir les angles pour éviter tout blocage lors du démoulage. Cette technique, qui est invisible à l’œil nu, est essentielle pour un démoulage réussi et pour éviter toute casse. (Cliquez ici pour voir la page Wikipedia au sujet de l’angle à dépouille)

2 – Une brève histoire du moulage

Des origines préhistoriques

Le moulage a des origines préhistoriques et avait une fonction utilitaire. Au fil du temps, il est devenu un outil essentiel pour la reproduction artistique et l’industrie. Les civilisations anciennes comme les Égyptiens, les Grecs et les Romains ont utilisé le moulage pour créer des sculptures en bronze. Au Moyen Âge, il était utilisé pour fabriquer des objets liturgiques. À partir de la Renaissance, le moulage s’est développé dans l’art et l’industrie, permettant la reproduction en série d’œuvres d’art. Aujourd’hui, le moulage est utilisé dans divers matériaux pour créer, reproduire et préserver des objets et des sculptures.

Les moules modernes de Rodin

La technique d’agrandissement mécanique dans la sculpture a évolué depuis l’Antiquité. Elle a connue une révolution au 19ème siècle. Les artistes, dont Rodin, ont utilisé cette technique pour explorer de nouvelles dimensions sculpturales. Le processus d’agrandissement comprend différentes étapes telles que l’épannelage, l’ébauche et la finition, suivies du moulage à creux perdu. Henri Lebossé, expert dans l’agrandissement d’œuvres d’art, reproduisait fidèlement les sculptures de Rodin. Il fut plus considéré comme un technicien que comme un artiste. Ce débat soulève la question de la compatibilité entre les dimensions spécifiques d’une sculpture et son intégrité esthétique.

Les avancées technologiques au musée Grévin

De nos jours, les ateliers Grévin utilisent des avancées technologiques pour créer leurs modèles de statues de cire. La première étape consiste à prendre des photographies de l’artiste sous tous les angles afin d’obtenir une représentation fidèle de son visage et de son corps. Des mesures précises sont également prises à l’aide de compas afin de respecter les proportions du modèle.

Grévin utilise également la numérisation en 3D pour modéliser le corps du modèle et faciliter le travail des sculpteurs. Les sculpteurs utilisent désormais des photos et des vidéos pour représenter au mieux le modèle. La terre glaise a été remplacée par la Plastiline, un matériau similaire à la pâte à modeler qui ne sèche pas et ne durcit pas. Quant à la cire, fragile aux chocs, elle a été partiellement abandonnée au profit de la résine afin de protéger les sculptures exposées aux visiteurs. Seuls les visages des statues restent faits en cire.

Tout un art

Sachez quand même que la copie est considérée comme un art réalisé dans des ateliers reconnus comme les ateliers du musée du Louvre et leur partenaires. Deux ateliers sont des exemples d’ateliers contemporains célèbres. La maison Lorenzi, fondée en 1871 qui perpétue la tradition du moulage tout en utilisant des techniques modernes. Les ateliers Maestri Scultori qui se sont spécialisés dans la copie de pièces antiques en utilisant un stuc de marbre de Carrare unique. Ces deux ateliers sont des fournisseurs d’établissements publics et d’écoles d’art en France et en Europe.

3 – La technique du modelage en négatif pour faire son moule

On utilise pour cela l’estampage comme expliqué dans l’article « Donnez vie à vos créations : Techniques d’empreintes et de textures » sur le blog (cliquez ici pour le lire). Cela consiste à créer une empreinte en argile frais de votre motif ou de votre relief préféré. Cette même technique s’applique aussi bien sur des reliefs plus importants, sculptures, détail d’une œuvre.

1 – Appliquer de l’argile à cuire fraîche ou de la terre auto-durcissante fraîche sur l’objet que vous souhaitez reproduire. Si l’argile ou la terre est trop sèche, il sera difficile d’épouser les détails de l’original. Vous pouvez intercaler un film plastique alimentaire fin pour protéger l’original de l’humidité ou de traces de terre. Sachez que dans ce cas certains détails seront lissés.

2 – Si besoin rajoutez de l’argile au fur et à mesure en pressant bien la terre. Vous obtiendrez ainsi un négatif assez épais, permettant une manipulation plus aisée.

3 – Votre négatif est fait, au moment de le séparer de l’original, faîtes attention à ne pas le déformer. Rassurez-vous, vous ne risquez pas de détériorer l’objet à reproduire au moment d’enlever le moule.

4 – Une fois que l’empreinte est sèche, vous avez votre moule prêt à reproduire des pièces identiques à votre oeuvre originale.

Si vous voulez allez plus loin et devenir un expert du moule, cliquez sur ce lien et téléchargez le document PDF depuis le site de l’Association francophone pour l’éducation artistique en Ontario (AFEAO)

4 – Reproduire une sculpture

Reproduire une sculpture avec de la terre

Pour copier votre oeuvre en terre, pressez dans le moule l’argile fraîche ou la terre auto-durcissante fraîche de façon uniforme, en prenant soin de placer un film plastique au fond du moule.

Pour une recherche d’effet vous pouvez utiliser de petites boules que vous écrasez à l’intérieur du moule. Cela peut laisser des des marques comme des fêlures qui se verront au démoulage. N’oubliez pas vous êtes aussi là pour tester, il n’y a donc pas d’erreurs que des expériences.

Essayez de retirer la copie en terre fraîche sans la déformer ou attendez quelques jours que la terre sèche.

Quand la copie est sèche, à l’aide d’un couteau ou d’une mirette de sculpteur, rectifiez les éventuelles traces en faisant attention à ne pas trop enlever de matière.

Reproduire une sculpture avec du plâtre

Étape 1 – Préparer le plan de travail et le matériel

Préparez votre plan de travail avec des bâches ou une vieille nappe plastifiée dans le but de ne pas en mettre partout. Par exemple si un moule se casse au moment de couler le plâtre ou tout simplement pour ne pas en mettre à côté !

Le matériel :

• Du plâtre fin, se trouve partout pour moins de 6€,
• Un saladier ou un seau flexible (plus pratique pour retirer le plâtre restant),
• Une grande cuillère ou une fourchette pour mélanger le plâtre,
• Un verre doseur ou un gobelet ou une balance,
• De l’eau,
• Du papier absorbant,
• Du papier de verre, une mirette de sculpteur, un couteau pour les finitions.

Étape 2 – Préparation et coulage du plâtre

Pour préparer le plâtre, le ratio est de 1 volume d’eau pour 1,5 volume de poudre de plâtre. Vérifiez tout de même les proportions indiquées sur l’emballage. Choisissez un récipient adapté, car si vous utilisez un seau trop grand pour un petit volume, cela peut rendre le mélange difficile à remuer.

1 – Dans un premier temps appliquer un « agent de démoulage » dans votre moule pour éviter que le plâtre ne colle aux parois et rende le émoulage impossible. Vous pouvez utiliser du liquide vaisselle ou du savon noir liquide appliqué au pinceau.

2 – Poser le seau vide et propre sur une balance y verser l’eau.

3 – Ajouter ensuite doucement le plâtre en fine pluie tout en mélangeant. Cela évitera la formation de grumeaux. Continuer de mélanger le plâtre et l’eau avec une fourchette jusqu’à obtenir un mélange homogène et lisse jusqu’à atteindre le poids souhaité. Lorsque vous sentez un changement dans la fluidité du mélange qui s’épaissit, le plâtre est prêt il est temps de le couler.

4 – Ensuite verser le plâtre doucement dans le moule afin qu’il chasse l’air dans tous les recoins où il doit pénétrer. Tout en remplissant le moule, utiliser un petit pinceau propre pour fouiller dans le plâtre de sorte d’éliminer les bulles d’air qui peuvent adhérer aux parois du moule.

5 – Lorsque le niveau de remplissage souhaité est atteint, éliminer l’excédent de plâtre dans un sac poubelle et nettoyer les ustensiles dans un seau d’eau. Éviter de faire ce nettoyage dans l’évier au risque de boucher vos canalisations.

Étape 3 – Prise du plâtre

La prise du plâtre peut varier en fonction de plusieurs facteurs comme la température et l’humidité ambiante, l’âge du plâtre, sa qualité. Vous pourrez constater que le plâtre chauffe car c’est la réaction de solidification du plâtre. Une fois que le plâtre a refroidi, la prise est terminée, à vous de démouler !

Étape 4 – Démoulage

Le démoulage d’une oeuvre en plâtre peut être assez simple au premier abord mais parfois ça coince. Inutile de forcer, si on a pas utilisé un agent de démoulage c’est collé ! Plus qu’à recommencer.

1 – Tout d’abord, vérifier au touché que le plâtre est complètement sec. La durée de séchage peut varier en fonction de la taille et de la complexité de la reproduction. En général on recommande de laisser sécher le moule pendant au moins 24 heures, moi je l’ai laissé deux jours.

2 – Une fois le plâtre sec, préparer une surface de travail propre et plane. Idéalement, utiliser une table recouverte de papier journal ou d’un matériau similaire pour recueillir les résidus de plâtre pendant le démoulage car il y a toujours des projections de plâtre ( sans gravité mais autant protéger le sol ou les meubles alentours ).

3 – Examiner attentivement les bords du moule ainsi vous vous assurez qu’ils sont bien droits et propres. Si nécessaire, utilisez un couteau souple pour voir nettement là où l’empreinte va se défaire.

4 – Tenir fermement le moule d’une main et utiliser l’autre main pour tapoter doucement les bords du moule. Le but est de décoller légèrement le moule de la pièce en plâtre, en évitant les chocs trop violents qui pourraient endommager le moule ou la pièce. On prend son temps.

5 – Continuer à tapoter doucement soit sur un torchon épais soit une plaque de silicone pour la cuisine qui amortira. Tapoter jusqu’à entendre ou sentir un léger décollement. Cela indique que le moule est prêt à être décollé.

6 – Maintenant, incliner doucement le moule sur le côté et faire pivoter lentement la pièce en plâtre afin de la faire glisser hors du moule. Soyez patient et assurez-vous de ne pas forcer la pièce au risque de la casser ou d’abîmer le moule.

Examiner la pièce pour voir d’éventuelles imperfections, manques, traces restantes de plâtre, trous laissés par des bulles,… Si besoin, refaites du plâtre pour reboucher ou utiliser de l’enduit de lissage (qui se garde plus longtemps). Si vous trouvez que votre copie a trop de manques, refaites votre coulage avec un plâtre plus liquide. Il vous faudra peut être remplir votre moule en plusieurs fois. C’est ce que j’ai fait avec la bouche du David de Michel-Ange pour lequel j’ai utilisé un moule en élastomère.

Étape 5 – Finitions

Une fois la copie complètement sèche, à vous les finitions. À l’aide de la mirette de sculpteur ou d’un couteau, enlever le plâtre en trop, coulures, rebouchage, réparations. N’allez pas trop vite, soyez minutieux, n’enlevez pas trop de matière. Il vaut mieux parfois utiliser le papier de verre ou une lime fine pour travailler. C’est plus long mais plus sûr.

Et enfin, moi je n’ai pas testé, mais vous pouvez nettoyez soigneusement la copie en plâtre avec de l’eau tiède et une brosse douce pour éliminer toute salissure.

Et voilà !

BRAVO ! Vous avez réussi à faire votre moule et couler votre oeuvre en plâtre ou en terre. Dès que votre moule est sec à nouveau, vous pouvez le nettoyer avec un pinceau sec pour éliminer les résidus ou poussières de plâtre. Vérifiez s’il est en bon état pour pouvoir le réutiliser. Les moules en terre crues ou en terre auto-durcissante sont beaucoup moins solides et donc résistent mal à plusieurs utilisations. Lors de mes tests, les moules en argile à cuire se sont bien comportés, plus résistants à l’apport d’humidité et à la chauffe du plâtre.

Maintenant en regardant une oeuvre copiée vous pourrez chercher la technique utilisée. Et vous pourrez ainsi vous dire, avec un petit sourire, que vous pouvez reproduire cette sculpture en fabriquant votre moule.

Qu’en pensez-vous ? N’hésitez pas à me faire des retours de vos expériences dans les commentaires.