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Un artiste, une anecdote sur Henri Matisse, « roi du fauvisme » et sculpteur d’une grande sensibilité.
Henri Matisse naît au Cateau-Cambrésis, dans le Nord, le 31 décembre 1869. Son père est marchand de graines et sa mère peintre amatrice, mais il est issu d’un lignage de tisserands. Henri Matisse est d’abord clerc de notaire à Saint Quentin. Lorsqu’il a 20 ans, une crise d’appendicite le contraint cependant à rester alité plusieurs semaines. Durant cette convalescence son voisin et ami le peintre amateur Léon Bouvier lui fait découvrir la peinture. Sa mère lui offre alors une boîte de couleurs lui permettant de créer ses premières œuvres. Il reprend son travail de clerc mais continue d’étudier le dessin à l’école pour dessinateurs en textile.
« Pour moi, c’était le paradis retrouvé : j’étais tout à fait libre, seul, tranquille, confiant… alors que dans les autres activités qu’on m’imposait, je me sentais anxieux, ennuyé, inquiet. »
En dépit de la désapprobation de son père, Matisse s’installe à Paris pour tenter sa chance à l’Académie Julian, où il échouera aux épreuves d’admission. Il suit les cours du soir aux Arts décoratifs à partir de 1892, il y rencontre Albert Marquet. Ensemble, ils capturent les scènes urbaines de Paris. En 1894 Matisse aura une fille, Marguerite, avec Camille Joblaud, sa modèle. Il s’inscrit en 1895 à l’École des beaux-arts, dans l’atelier de Gustave Moreau. Le maître encourage ses disciples à dépasser la seule technique afin de sublimer leur peinture.
En 1898, Matisse épouse Amélie Parayre. Ils séjournent plusieurs mois en Corse puis à Toulouse. Leur fils Jean y naîtra l’année suivante. De retour à Paris, Matisse fréquente l’Académie Camillo, y suivant l’enseignement d’Eugène Carrière. Il y rencontre André Derain, débute la sculpture et rend visite à Auguste Rodin. En 1900, il intègre l’Académie de la Grande Chaumière, où il approfondit sa pratique de la sculpture. La même année, son fils Pierre naît à Toulouse.
Matisse explore le divisionnisme et peint « Luxe, calme et volupté » en 1904 après sa rencontre avec l’artiste Paul Signac. En 1905 il expose « Femme au chapeau », un portrait de son épouse, au Salon d’Automne. Le scandale est immédiat, mais l’artiste s’impose comme chef de file du fauvisme. En 1906, il rend régulièrement visite au sculpteur Aristide Maillol à Banyuls et acquiert sa première sculpture africaine.
En 1908, l’artiste ouvre l’Académie Matisse, où plus de cent élèves étudient jusqu’en 1911. Il publie « Notes d’un peintre », diffusé dans toute l’Europe, et organise sa première exposition personnelle à New York. En 1909, Sergueï Chtchoukine lui commande « La Danse » et « La Musique », ce qui lui assure alors une stabilité financière et favorise ses voyages. Il réalise la même année « Nu de Dos I », un bas relief en plâtre monumental de 2 mètres de haut. Le premier d’une série se poursuivant jusqu’en 1930.
En 1910, il découvre à Munich une grande exposition d’arts musulmans, renforçant ainsi son intérêt pour l’art islamique. En octobre, son père décède. Peu après, il voyage en Espagne à Madrid, Séville, Grenade et découvre l’Alhambra. Il crée « Jeannette I », une sculpture en bronze réalisée avec la modèle Jeanne Vaderin. Cela deviendra une série de cinq sculptures produites jusqu’en 1913.
L’ensemble des sculptures « Jeannette » illustre sa méthode de transformation progressive. Chaque version se construit sur la précédente : « Jeannette I » est réaliste. Les suivantes, créées sans modèle, deviennent plus stylisées, proches de masques. À partir de « Jeannette III », la tête évoque une fleur. Dans « Jeannette V », les cheveux-pétales tombés révèlent un pistil, affirmant le thème de la femme-fleur.
En 1912, il présente pour la première fois une grande exposition publique de ses sculptures, marquant la reconnaissance de cette part de son œuvre. Matisse exige alors une grande précision. Un modèle peut ainsi poser cent fois pour une seule pièce. Bevilaqua, ancien modèle de Rodin, devient celui de Matisse pour « Le Serf », sculpture remarquée pour son expressivité. De 1912 à 1913, ses séjours au Maroc enrichissent son travail sur la lumière et la couleur. L’arabesque et l’imaginaire oriental nourrissent ses compositions. Installé à Nice durant la Grande Guerre, il développe le thème des odalisques, qu’il multiplie en variations. L’artiste s’y installera alors définitivement à l’issue de la guerre.
En 1919, il débute sa collaboration avec le modèle Henriette, qui nourrit alors sa série d’odalisques. Dans les années 1920, il crée « Henriette » et poursuit ses recherches sur les formes sculptées. En 1930, son voyage à Tahiti renouvelle son approche de la lumière et de l’espace. En 1932, son fils Pierre ouvre une galerie à New York. La même année, le MoMA organise la première exposition Matisse aux États-Unis sous l’impulsion d’Alfred Barr. L’artiste se sépare de son épouse en 1939.
Dans les années 1940, un cancer réduit sa mobilité. Après une opération Henri Matisse échappe de peu à la mort en 1941. Il publie « Thèmes et variations », préfacé par Louis Aragon. Ne pouvant plus peindre comme avant, l’artiste se tourne alors vers les papiers découpés. En 1947 paraît « Jazz », un livre illustré de ses gouaches découpées. Entre 1948 et 1951, Matisse réalise la Chapelle du Rosaire de Vence, en s’occupant des vitraux, des céramiques, du mobilier et des vêtements liturgiques. Celle-ci est consacrée le 25 juin 1951.
« Cette chapelle est pour moi l’aboutissement de toute une vie de travail. »
Dans le même temps le Musée national d’art moderne de Paris présente pour la première fois ses gouaches découpées. En 1952, Matisse réalise « La Tristesse du roi », comme une synthèse de son art.
Henri Matisse s’éteint à Nice le 3 novembre 1954 et est inhumé au cimetière de Cimiez. Au cours de ses 50 ans de carrière artistique, il a réalisé 72 sculptures. Deux musées en France sont consacrés à l’artiste et abritent non seulement les peintures du maître, mais aussi ses sculptures. Il s’agit du Musée Matisse du Cateau-Cambrésis créé de son vivant et du Musée Matisse de Nice.
Sa série « Nus de Dos » sera coulée en bronze en 1955 puis exposée en 1956 pour la première fois. Ces quatre grands bas-reliefs de plus de deux mètres évoluent du réalisme avec « Nu de Dos -I » à l’abstraction avec « Nu de Dos -IV ». Exposés ensemble ils témoignent ainsi de vingt-deux ans d’épure.
« J’ai fait de la sculpture parce que ce qui m’intéressait dans la peinture, c’était de mettre de l’ordre dans mon cerveau (…) pour ordonner mes sensations, pour chercher une méthode qui, lorsqu’elle était trouvée en sculpture, me servait pour la peinture. » Henri Matisse
Au revoir et à bientôt pour une nouvelle anecdote !