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Arman un sculpteur de l’accumulation

Un artiste, une anecdote sur Arman, artiste sculpteur Nouveau Réaliste qui a bousculé les valeurs d’une société de consommation.

Armand Fernandez, est un artiste français né le 17 novembre 1928 à Nice. Il est le fils unique de Antonio, marchand de meubles et d’antiquités d’origine espagnole, et de Marguerite Jacquet issue d’une famille d’agriculteurs de la Loire. Son père est issu d’une riche famille venant d’Algérie. La grande crise de 1930 a nettoyé son capital et emporté ses illusions dira Arman. Vers l’âge de 10 ans son père, amateur d’art, l’initie à la peinture. Il partage également avec lui sa passion pour la musique. Cela aura une influence significative sur le cours de sa carrière.

À 15 ans, il faisait des peintures-souvenir que son père vendait dans son magasin. À l’âge de 19 ans, il rencontre Yves Klein et Claude Pascal dans une école de judo à Nice durant l’été. En 1948, les trois amis décident de faire du stop à travers l’Europe. Puis entre 1949 et 1953 ils s’intéressent de près au bouddhisme zen, l’astrologie et même Georges Gurdjieff qui croyait en la possibilité pour chacun d’atteindre un état de conscience supérieur.
Arman obtient son baccalauréat en philosophie et mathématiques, puis étudie à l’École Nationale d’Art Décoratif de Nice. Durant cette période, il réalise des petites peintures à l’huile notamment un portrait de ses parents qu’il conservera toute sa vie. Il développe également un intérêt pour les collection d’antiquités. Contre le conservatisme social de l’administration scolaire, il quittera cette école en 1949.

Il décide alors de s’établir à Paris afin d’étudier l’archéologie et l’art oriental à l’École du Louvre. Son ambition : devenir commissaire-priseur. Parallèlement, il explore le mouvement surréaliste. En juin 1950, il réussit ses examens à l’École du Louvre. Et en février 1951, il rejoint Yves Klein à Madrid.

La guerre d’Indochine éclate et il rejoint le Corps Médical de la Marine française en 1952. En 1953, il épouse la musicienne Eliane Radigue, avec qui il aura trois enfants. À partir de 1955, il travaille à Nice et vend des meubles, des voitures et des appareils électroménagers. Sur son temps libre il aime pratiquer la pêche sous-marine en apnée.

Et Armand deviens Arman, sculpteur

Ça bouge sur le plan artistique, organisant ses premières expositions à partir de 1956 à Paris. Jusqu’à 1957, Arman signait ses œuvres avec son prénom en hommage à Van Gogh. Il décide de supprimer la lettre « d » de son prénom. Arman officialise ainsi sa signature artistique lors d’une exposition chez Iris Clert en 1958.
En 1959, il débute sa série intitulée « Poubelles » qui consiste à rassembler une variété de déchets pour dénoncer le gaspillage des objets du quotidien. En 1960, lors de l’exposition « Le Plein » à la galerie d’Iris Clert, il envahit la petite galerie avec des détritus, perturbant ainsi l’ordre établi. La même année aux côtés de Klein, Spoerri, Niki de Saint Phalle et Tinguely, il signe un manifeste fondant le mouvement artistique du « Nouveau Réalisme ».

En 1961 il crée ses premières « Colères » dans lesquelles il découpe des instruments de musique. Lors du 1er Festival du Nouveau Réalisme à Nice il casse des meubles pendant une performance publique. Arman commence ses accumulations d’objets dans du polyester et connaît une reconnaissance internationale lors d’une exposition à New York. Il y déménage cette année là, mais revient régulièrement en Europe pour présenter ses œuvres. Il assiste à une soirée organisée par l’artiste et collectionneur William Copley où il croise la route de Marcel Duchamp.

Arman entame sa série de « Combustions » entre 1962 et 1963 intégrant ainsi la destruction dans ses créations artistiques. Ses objets découpés et brûlés remettaient en question les conventions artistiques et exploraient les liens entre l’art et la réalité quotidienne. Des objets trouvé lui servent pour ses compositions, contribuant ainsi au mouvement Nouveau Réalisme. Son ami Klein décède en 1962 et Arman quitte le groupe en 1963. Sa famille le rejoint à New York la même année mais ils divorceront en 1967.

Des sculptures en inclusions

Il continue d’expérimenter ses créations. Avant il utilisait le polyester comme unique moyen de fixer ses objets sur la toile, il décide ensuite de les immerger entièrement dans ce matériau pour créer ses premières œuvres d’inclusions.

En 1968, Arman fait la rencontre de Corice Canton dans le sud de la France. Ils se marient le 13 juillet 1971 et auront deux enfants, Yasmine et Philippe.

De 1976 à 1978, Arman se lance dans plusieurs projets artistiques : « Fairlane Mall Sculpture » à Dearborn (Michigan), « Fossile Mécanique » à Dijon, également une affiche pour Amnesty International. Il ouvre aussi un nouvel atelier à New York et réalise un hommage à Renoir pour le lycée Renoir à Cagnes-sur-Mer.

Dans les années 1980, Arman continue ses séries artistiques et crée d’énormes sculptures en bronze. Deux de ses œuvres, « Consigne à vie » et « L’heure de tous », sont installées à la gare Saint-Lazare à Paris. Dans un article, Catherine Millet souligne la volonté de l’artiste de rétablir l’ordre dans un monde chaotique, s’inscrivant ainsi dans les influences de Mondrian et Duchamp.

Installée dans le parc du château du Montcel à Jouy-en-Josas, Arman inaugure en 1982 « Long Term Parking ». Cette oeuvre, composée de 60 voitures et de béton, mesure 18 mètres de hauteur et pèse 2 000 tonnes. Elle vieilli, s’use et se patine. Mais c’est la volonté de l’artiste de voir ces voitures disparaître, ne laissant que des traces.

En 1984 Arman se voit décerner le titre de commandeur des Arts et Lettres. Il réalise une commande du président de la République : « À La République/Hommage A La Révolution De 1789 ».
En 1990, Arman crée « Pinceaux piégés » au Carré d’art de Nîmes en collant des milliers de pinceaux sur les murs du musée. Dans cette œuvre, il combine le geste des artistes expressionnistes abstraits avec l’accumulation de matériel.

L’artiste continuera d’exercer sa passion pour la peinture, la sculpture et l’assemblage jusqu’à sa mort en 2005 à New York.

Son œuvre prolifique, de ses accumulations aux sculptures de violons, invite à un questionnement sur le monde et vise à éveiller les consciences. En utilisant des déchets plutôt que des matériaux nobles pour créer des sculptures, Arman artiste sculpteur redonne vie à ce qui est destiné à être jeté. Il expose ainsi la société de consommation. Son travail est prémonitoire de la question contemporaine du recyclage et du gaspillage.

Au revoir et à bientôt pour une nouvelle anecdote !

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