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Augusta Savage, un talent artistique qui a forcé le respect

Une artiste, une anecdote sur Augusta Savage, artiste états-unienne qui a su imposer son talent face à la barrière de la discrimination.

Augusta Savage, née le 29 février 1892 en Floride, a grandi dans une famille nombreuse presque 30 ans après l’abolition de l’esclavage et l’obtention légale, mais non appliquée, du droit de vote. Dès son jeune âge, elle montre un talent pour la sculpture en créant des animaux en argile. À 15 ans, elle prend des leçons de modelage et épouse John T. Moore à 16 ans avec qui elle a une fille. Augusta se concentre sur ses créations de sculptures religieuses et fini par obtenir l’aval de son père pasteur. Mère célibataire, elle travaille comme blanchisseuse. Quelques années plus tard elle épouse John Savage dont elle divorcera mais gardera le nom.

Cependant, sa vie prend un tournant majeur lorsqu’elle s’engage activement dans la lutte contre le racisme. Elle participe à une foire du comté où elle obtient sa première récompense en 1921. Initialement refusée à l’école d’art Cooper Union à New York, sa détermination finit par payer. Elle devient ainsi la première femme afro-américaine acceptée dans cette prestigieuse école. L’artiste met en avant la beauté et la dignité de la communauté afro-américaine malgré la circulation de caricatures racistes à l’époque.

À l’issue de son cursus, elle décroche une bourse pour venir au Conservatoire américain de Fontainebleau. À l’annonce de ses origines afro-américaines cette bourse lui est refusée. Elle multiplie alors les envois de lettres de protestation aux médias locaux, organise des débats publics et des manifestations pour dénoncer toutes les pratiques discriminatoires. Bien que le comité n’ait pas annulé sa décision, un de ses membres, Herman McNeil, exprime des regrets. Ce dernier invite Savage à améliorer son art dans son studio de Long Island. C’est en 1934 qu’Augusta Savage commence à sculpter « Gwendolyn Knight ». L’année suivante l’artiste ouvre son propre studio, qu’elle nomme le Savage Studio of Arts and Crafts. Elle participe au mouvement de la Harlem Renaissance dans lequel elle se consacre à l’enseignement de la sculpture aux jeunes artistes noirs, devenant ainsi une figure influente.

Augusta Savage doit faire face à de nombreux obstacles en raison du racisme et des préjugés de l’époque. Elle réalise diverses commandes artistiques, notamment un buste de Marcus Garvey, célèbre militant nationaliste. C’est lors de ce projet qu’elle rencontre son troisième mari, Robert L. Poston, mais malheureusement, Poston décède un an seulement après leur mariage.

Vers la fin des années 1920, la situation s’améliore. L’une des œuvres de l’artiste intitulée « Gamin », son portrait le plus célèbre, est choisi pour figurer en couverture du magazine Opportunity. Cette œuvre est inspirée d’un garçon sans-abri ou du visage de son neveu, les histoires divergent mais la profondeur de ce gamin est bien présente.

Elle obtient une bourse d’étude de la Fondation Rosenwald en 1929, qui lui permet de se rendre à Paris. Lorsqu’elle a 37 ans, elle s’installe dans le quartier de Montparnasse et travaille dans l’atelier du sculpteur Félix Benne. Elle expose ses propres œuvres, d’abord à la Grande Chaumière en 1929, puis au Salon d’Automne en 1930. Pendant son séjour, elle se lie d’amitié avec des artistes et intellectuels influents, dont Constantin Brancusi. Augusta Savage participe également aux expositions d’artiste du Salon d’automne et de la Société des artistes français, remportant plusieurs prix consécutifs.

Grâce à une nouvelle bourse, Savage a la possibilité de voyager en Europe et de s’intéresser à l’art gothique. En 1931, elle retourne à New York et crée des œuvres importantes comme « La Danseuse africaine », « Danse africaine II » et « L’océan ». Ses sculptures captivent par leur puissance, leur expressivité et leur représentation de la beauté noire.

Elle soutient ses collègues artistes et participe au volet culturel du New Deal. Savage joue un rôle important dans l’inclusion des artistes afro-américains dans le Federal Art Project. Elle fonde son propre centre d’enseignement et devient une figure majeure de la communauté artistique noire de New York. En 1937 nommée directrice du Harlem Community Center, elle réalise une commande de sculpture pour l’Exposition universelle de 1939. Ce sera « The Harp », représentant douze figures noires chantantes intégrées dans une harpe imposante de 16 pieds de haut soit un peu moins de 6 mètres. Elle a même été filmée, cliquez ici pour voir la vidéo (Youtube). Cette œuvre, malgré son succès n’est pas vendue et l’artiste n’ayant pas les fonds pour la ramener, sera détruite à la fin de l’exposition.

En 1945, Augusta quitte la vie citadine agitée et le monde de l’art pour s’installer dans une ferme près de Woodstock, en raison de l’échec commercial de ses galeries. Malgré cela, Augusta Savage continue d’être une artiste. Elle sculpte, écrit et anime des ateliers pour les enfants. Cependant, elle ne retrouve pas le même niveau de reconnaissance et de succès qu’en Europe. Malade, elle revient à New York en 1960 pour être proche de sa fille Irene et de sa famille. Elle décède le 26 mars 1962 à l’âge de 70 ans d’un cancer.

Augusta Savage est célèbre pour son engagement en tant qu’activiste et formatrice dans les arts. Ses œuvres significatives ont contribué à changer la perception de l’art et de la communauté en luttant contre les préjugés racistes. Malheureusement, peu de ses œuvres ont survécu. Mais en 2018 et 2019, des expositions aux États-Unis ont souhaité mettre en valeur son talent de sculptrice.

À bientôt pour une nouvelle anecdote !

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