You are currently viewing Germaine Richier, intense sculptrice de son temps

Germaine Richier, intense sculptrice de son temps

Une artiste, une anecdote sur Germaine Richier, une artiste d’une telle sensibilité qu’elle a réinventer son art. Elle est l’intense sculptrice de son temps.

Germaine Richier, nait en 1902 à Grans. Issue d’une famille de viticulteurs et de minotiers, elle a passé son enfance à Castelnau-le-Lez à partir de 1904. Sculptrice provençale, la nature sauvage de la garrigue a profondément influencé et indéniablement nourri son imagination. Après des études aux beaux-arts de Montpellier, elle remporte le premier prix de sculpture et s’installe à Paris en 1926. Elle devient en outre l’unique élève particulière de Bourdelle jusqu’à la mort du maître en 1929. Elle épouse la même année un sculpteur suisse Otto Bänninger. Entre 1930 et 1933 elle réalise huit nus et 26 bustes, en restant fidèle à la figuration.

Elle met en évidence l’espace de la sculpture, en accentuant les effets de matière et les artifices de la structure. Elle intègre notamment le socle dans l’œuvre. Sa renommée grandit rapidement de sorte que cela lui permet d’avoir des élèves. Elle exercera ainsi cette activité de professeur jusqu’à sa mort. Elle présente sa première exposition à la galerie Kaganovitch en 1934 dont le « Loretto 1 ». Marquée par les êtres pétrifiés de Pompéi qu’elle voit au cours d’un voyage elle reçoit le prix Blumenthal en 1936 pour son « Buste numéro 2 ». Elle remporte ensuite à l’Exposition universelle de Paris de 1937, la médaille d’honneur pour sa sculpture « Méditerranée ».

Germaine Richier expose régulièrement à Paris et Bruxelles à partir de 1939. Elle fréquente alors des artistes comme Robert Couturier, Alberto Giacometti. Pendant la Seconde Guerre mondiale, installée en Suisse, elle remet en question son style sculptural et crée des œuvres exprimant l’occupation allemande. Son travail prend un tournant avec « L’Escrimeuse » (1943), où elle explore la forme et le mouvement de manière plus intense.

En octobre 1946, Germaine Richier retourne à Paris et retrouve ses amis artistiques. À son retour à l’atelier, elle réinvente son art et fait évoluer ses sculptures vers des formes hybrides en utilisant des fils tendus et développe une nouvelle technique avec la filasse et le plâtre. Ainsi ses créations reflètent ses souvenirs d’enfance et interrogent les transformations de l’humanité, suscitant l’admiration des critiques qui y voient une réponse aux horreurs de la guerre. Elle crée également des bronzes de petite taille et est célèbre auprès d’écrivains tels que Francis Ponge et André Pieyre de Mandiargues, affirmant qu’elle sauvait la sculpture de l’époque grâce à son talent artistique.
En 1949, Germaine Richier, sollicitée pour participer à la décoration d’une nouvelle église à Assy, doit créer un crucifix pour l’autel principal. Elle sculpte un corps concave décollé de la poutre verticale. Des bras démesurés se confondent avec la croix et un visage marqué de rides. C’est le « Christ d’Assy ». L’œuvre finale est expressive et symbolique.
La sculpture est acceptée sans réserve et est installée lors de l’inauguration de l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce en août 1950. Cependant, en 1951 cette création suscite des réactions intenses. Des intégristes la condamnant comme une atteinte à l’Art sacré. La sculptrice, fait face à des difficultés lorsque son œuvre est retirée du maître-autel puis temporairement déplacée en 1951. En 1969, la sculpture sera réinstallée et classée monument historique en 1971.

« La Montagne » l’une des dernières œuvres de l’artiste exposée au musée d’Art moderne de Paris, représente un grand corps imposant orné de branches en bronze. Elle symbolise la lutte de deux êtres et exprime le déséquilibre et le mouvement.

Son dernier ouvrage, « L’Échiquier », a été présenté en 1959 aux côtés du peintre Max Ernst, artiste connue pour ses « hybrides ». Ses sculptures, influencées par les mythes combinent des éléments humains et animaux pour examiner la relation entre les humains et la nature. Son art passionné et angoissé explore la féminité et la lutte entre la vie et la mort. Dans ses représentations du corps humain en effet, elle cherche à détruire la forme à travers son esthétique de la maigreur, en déformant les corps. Certains critiques voient dans ces oeuvres une tentative d’exorciser les peurs ancestrales de l’homme.

Son travail, largement exposé en France et à l’étranger, remet en question les conventions sociales traditionnelles. Il bouscule les normes établies. Germaine Richier a également dû faire face aux obstacles liés à sa condition de femme-artiste-sculpteure dans une France non favorable aux femmes artistes.

Germaine Richier, artiste sculptrice surnommée « L’Ouragane » en raison de son intensité et de sa passion débordante, cachées derrière son apparence réservée décède en 1959 d’un cancer du sein à l’âge de cinquante-sept ans. Elle fut la première femme exposée de son vivant au Musée national d’art moderne en 1956.

À bientôt pour une nouvelle anecdote !

Si vous avez aimé, faites le savoir :)

Laissez moi un commentaire :)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

  • Temps de lecture :6 min de lecture