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Un artiste, une anecdote sur Alberto Giacometti, artiste existentialiste en quête de la fragilité humaine.
Alberto Giacometti est né en 1901 dans les montagnes de la Suisse italienne d’une famille de quatre enfants. Il a grandi dans l’atelier de son père, un peintre post-impressionniste. Ils n’avaient pas d’eau courante ni d’électricité, mais soutenu par son père, il a commencé à dessiner dès son jeune âge. Il réalise ses premiers tableaux à l’huile à l’âge de dix ans. Après ses études à Genève, il déménage à Paris en 1922 pour étudier la sculpture à l’Académie de la Grande Chaumière auprès de Bourdelle. En 1926, il s’installe dans un petit atelier de 25 mètres carré rue Hippolyte-Maindron. Son frère deviendra son assistant et aménagera son atelier juste à côté. C’est là que viendront tous ses amis : De Beauvoir, Sartre, Genet, Man Ray, Cartier-Bresson, Sabine Weiss et Doisneau. C’est là qu’il crée ses œuvres les plus célèbres et c’est également sa maison.
En tant que designer à partir de 1929, Giacometti produit des objets décoratifs. Des lampes, des vases et des bas-reliefs, appréciés pour leur style art déco épuré. Ainsi que pour leurs influences tirées des arts anciens et extra-européens.
Pendant les années 1930, Giacometti s’associe aux surréalistes et produit des œuvres oniriques et métaphoriques. Sa sculpture « La Boule suspendue » créée entre 1930 et 1931, attire l’attention d’André Breton et lui permet de gagner en reconnaissance. Cependant, en 1935, il est exclu du groupe en raison de son style figuratif jugé trop réaliste et de ses recherches sur la représentation de la tête humaine. Son père ne comprenait pas ses œuvres surréalistes, il a 32 ans au moment du décès de ce dernier. Cela l’affectera profondément.
À l’origine de son œuvre emblématique, « Femme qui marche » en 1932, se trouve un modèle inspiré d’une figure antique appelée Gradiva. Cette sculpture se caractérise par un mouvement à peine perceptible et une ressemblance frappante avec les sculptures de l’Égypte ancienne. Sans bras ni tête et posée sur un socle, elle incarne la figure humaine universelle.
Alberto Giacometti était très exigeant envers lui-même et tentait de saisir le mouvement éphémère de ses modèles à travers ses créations artistiques. Sa recherche de la perfection l’a parfois poussé à détruire son travail en cours pour recommencer à zéro. Certaines de ses œuvres demeurent inachevées, par exemple son projet pour la tour de la Chase Manhattan Bank.
Dans les années 1940, Giacometti a élargi ses techniques en utilisant des stylos à bille et en dessinant sur différents supports. Marges de livres, nappes en papier gaufré des restaurants. Il a également produit des estampes depuis son enfance, commençant par la gravure sur bois et ensuite en s’initiant à la gravure en taille-douce et à l’eau-forte. À partir de 1949, il s’est particulièrement consacré à la lithographie.
L’artiste fréquente le milieu de la nuit parisienne. Les silhouettes élancées et minces des filles qu’il fréquentait auraient influencé ses célèbres sculptures de l’après-guerre. L’artiste nie exprimer les survivants des camps de concentration dans son art, préférant plutôt saisir la fragilité de l’ensemble de l’humanité. À l’âge de quarante-sept ans, il rencontre Annette qui porte le même prénom que sa mère. Elle devient son modèle favori. Ils décident de vivre ensemble et se marient deux ans plus tard.
Pour l’artiste Giacometti, la sculpture n’est pas simplement un objet mais plutôt une quête, une recherche…et une réponse. Dans ses écrits, il partage ses rêves et ses questions, invitant chacun à réfléchir sur leur propre angoisse existentielle. Il raconte comment enfant, il se réfugiait dans une grotte rocheuse, se demandant s’il y avait un lien entre cette expérience et son modeste atelier sombre à Paris. Malgré sa réussite et sa richesse, il n’a jamais quitté cet espace.
Alberto Giacometti est décédé en 1966 à l’âge de soixante-cinq ans, peu de temps après sa mère. Un hommage international lui a été rendu au cimetière où reposent également ses parents, Giovanni et Annetta. Artiste anxieux, Giacometti remet en question la réalité à travers ses sculptures. Il sera considéré comme un artiste existentialiste. Sa femme, contrainte de quitter l’atelier en 1972, confie alors au Musée de l’Homme la préservation de l’intégralité de l’atelier de l’artiste. Elle sera très active dans la défense des oeuvres de l’artiste. L’Institut Giacometti dans le 14ème arrondissement de Paris accueille désormais la reconstitution de cet atelier.
À bientôt pour une nouvelle anecdote !