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Kiki Smith l’artiste avec un univers entre fantastique et culture populaire

Une artiste, une anecdote sur Kiki Smith une artiste entre fantastique et culture populaire.

Kiki Smith, née en 1954 à Nuremberg, se distingue comme une figure singulière de l’art contemporain aux États-Unis. Elle a développé sa passion pour l’art lors de son adolescence. Son père d’origine américaine, architecte et artiste précurseur du minimalisme, l’aide à réaliser des maquettes en carton pour ses sculptures tandis que sa mère était chanteuse d’opéra. Elle a grandi dans un environnement artistique marqué par des figures influentes telles que Jackson Pollock, Barnett Newman.

Après avoir emménagé à New York en 1976, Kiki Smith, s’implique dans la scène artistique alternative de la ville. Elle crée des objets en bois et en plâtre représentant des parties du corps humain et des objets du quotidien, influencée par son éducation catholique et son engagement féministe. Ses œuvres explorent le corps en tant que porteur de signification et d’histoires. Dans les années 1980 elle innove en explorant de manière inédite le rôle social, culturel et politique des femmes.

Entre 1983 et 1987, Kiki Smith expose pour la première fois sa collection « Life Wants to Live » à The Kitchen, à New York. Elle se forme en médecine d’urgence et expérimente de nouveaux matériaux comme le plastique, la terre cuite, le papier japonais. Elle continue de créer dans le même temps des sculptures en bronze.

Kiki subira la perte de son père et de sa sœur à cause du Sida en 1988. Elle aborde alors les thèmes de la mortalité et de la dimension physique du corps humain dans ses créations artistiques. Elle s’aventure dans la représentation de l’anatomie féminine à la manière de Frida Kahlo. L’artiste met ainsi en scène des sculptures en bronze représentant la langue, les ovaires et des têtes écorchées. En 1989, le Dallas Museum of Art devient le premier musée à accueillir une exposition individuelle lui étant dédiée.

En 1990, l’exposition de l’artiste « Projects 24 : Kiki Smith » au MoMA de New York se focalise sur la représentation du corps humain. Sa première exposition en Europe passera par Genève et Amsterdam. Influencée par des artistes comme Louise Nevelson et Louise Bourgeois, elle conçoit des œuvres audacieuses qui explorent le corps humain et la symbolique féminine. L’artiste crée « Virgin Mary » une sculpture en cire représentant la Vierge Marie en incluant un système musculaire rouge. Pour cela elle s’inspire des écorchés et des cires anatomiques du 18ème et 19ème siècle. En mettant en avant le corps physiologique de la Vierge, l’artiste la rend plus humaine et remet en question la dichotomie entre le corps et l’âme.

En 1995 au Nouveau-Mexique elle voit un Christ tombant qui l’inspire. Elle crée «Untitled», sa propre version en moulant le bas du corps de son voisin et le haut du sien. En outre du crin de cheval servira pour les cheveux. Son utilisation du papier-mâché pour la peau souligne la fragilité et la périssabilité, frontière d’ailleurs fragile avec l’extérieur. Tout cela invite à réfléchir sur la place du corps humain dans la religion catholique.

Au cours des années 2000, Kiki Smith adopte une approche narrative plus centrée sur le féminisme dans son travail d’artiste. Elle étend alors son champ artistique en créant des installations qui mêlent animaux et contes de fées. L’artiste revisite de manière novatrice les figures féminines bibliques des contes de Grimm et de Perrault qui ont marqué son enfance.

Avec « Rapture » en 2001, ou encore « Woman with Wolf » en 2003, l’artiste évoque le conte du Petit Chaperon Rouge. Elle fait également un lien avec Geneviève, sainte patronne de Paris qui aurait éloigné les loups. Elle explore ainsi l’idée d’une créature née d’un loup, à l’instar des représentations mythologiques. Selon elle, notre identité est intimement liée à notre relation avec la nature et les animaux.

Toujours dans cette figure de la sorcière, « Pyre Woman Kneeling » en 2002 montre une femme nue, agenouillée sur un grand bûcher. Symbole de la femme affranchie, elle est donc à la fois un exemple à suivre et une source de perturbation. L’artiste dénonce ainsi le manque de monument rappelant les événements de chasse aux sorcières.

En 2013, Kiki Smith expose son travail au sein de l’exposition collective « Les Papesses » à Avignon. Elle figure alors aux côtés d’œuvres de Louise Bourgeois, Camille Claudel, Berlinde De Bruyckere et Jana Sterbak. En 2020 elle expose ses représentations figuratives du corps au Musée Cantonal des Beaux-Arts à Lausanne. Cette même année, elle expose également au Museum of Modern Art de New York, au Irish Museum of Modern Art à Dublin, et à la Monnaie de Paris. « Sleeping, Wandering, Slumber, Looking About, Rest Upon » œuvre centrale s’étendant de 2009 à 2019, invite à la contemplation et à la réflexion sur la féminité et l’harmonie entre l’homme et l’animal.

Kiki Smith a fait en somme le choix en tant qu’artiste d’explorer la féminité, l’intimité, la fragilité du corps. Tout cela de manière organique à travers des sculptures, des dessins et des représentations de femmes sacrifiées ou glorifiées. L’artiste utilise une grande variété de matériaux dans ses créations artistiques, tels que le bronze, le plâtre, le verre, la porcelaine, la tapisserie, le papier et la cire.

Son travail nous ramène à une connexion terrestre profonde, loin des distractions modernes, et nous invite à réfléchir sur les archétypes et les tragédies de l’humanité. Utilisant des thèmes qui dérange Kiki Smith cherche à provoquer la réflexion chez les spectateurs. Ces thèmes se mêlent à des personnages fantastiques ainsi qu’au personnage ambigu de la sorcière. Cette artiste se situe à la jonction entre l’univers fantastique et la culture populaire. Son art, à la fois terrifiant et apaisant, nous ramène à une époque pré-moderne où la nature et les relations humaines étaient au centre de nos vies.


À bientôt pour une nouvelle anecdote !

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