You are currently viewing La sculptrice Jane Poupelet, un talent généreux et engagé

La sculptrice Jane Poupelet, un talent généreux et engagé

Une artiste, une anecdote sur la sculptrice Jane Poupelet, un talent généreux et engagé dans le soutien de ses semblables et de la vie.

La mesure de l’humanité de la sculptrice Jane Poupelet, née en Dordogne en 1874 peut être établie en examinant son parcours artistique qui l’a conduite à la pratique de la « sculpture classique » et animalière. Elle s’investit bénévolement à la réparation de visages de combattants de la première guerre mondiale, les « Gueules Cassées ».

Pour qu’une émotion émane d’une sculpture, il faut que l’artiste soit au plus proche de l’humain, qu’il sente en lui ces sourdes vibrations qui oscillent, du pur bonheur à l’infinie souffrance.
Sa carrière artistique s’étend sur les périodes de l’Art nouveau et de l’Art déco. Elle a grandi à la campagne, entourée des animaux de la ferme qu’elle modelait en terre glaise. En 1892, à l’âge de 8 ans, elle déménage à Bordeaux pour poursuivre ses études. Jane Poupelet sera la première femme admise à l’école des Beaux-Arts et aux Arts Décoratifs. Elle ira ensuite à l’Académie Julian à Paris pour approfondir ses connaissances et poursuivre sa progression dans le domaine artistique. Elle continue sa formation auprès du célèbre sculpteur Lucien Schnegg qui réalisera notamment un portrait d’elle (Lien vers la sculpture en marbre visible au musée d’Orsay à Paris).

Pendant une période de trois ans, de 1899 à 1901, Jane Poupelet choisit de présenter ses œuvres au Salon sous le pseudonyme masculin de Simon de la Vergne. Elle crée des sculptures de petite taille qui sont ensuite coulées en bronze. Elle se distingue en les ciselant et en les patinant elle-même. Cette pratique est peu commune parmi les sculpteurs de son époque.

Dans les années 1900, elle fréquente Rodin, Bourdelle, Maillol, Giacometti, côtoie les artistes américains et les groupes féministes anglosaxons. À partir de 1908, Jane Poupelet fait partie du paysage artistique. Les critiques sont louangeuses et les commandes affluent.

La première Guerre mondiale vient interrompre sa carrière. Jane Poupelet engage ses forces dans un élan de solidarité patriotique. Elle laisse son œuvre en sommeil pour fabriquer des jouets en bois et en métal. Pendant trois ans, à partir de 1917, elle met bénévolement ses talents au service des « Gueules Cassées ». La responsabilité de superviser l’atelier des masques lui revient toutefois sans même avoir droit aux repas, réservés au service hospitalier. Elle fait partie des collaborateurs de l’atelier d’Anna Coleman Ladd (1878-1939). Cette sculptrice américaine de renom ouvre avec son mari chirurgien, un atelier de reconstruction faciale à Paris sous l’égide de la Croix Rouge américaine. Un projet inspiré de l’exemple du sculpteur anglais Francis Derwent Wood. Ce dernier vient de créer un département des masques pour les défigurés. Cette expérience bouleversera alors totalement son oeuvre.

Amoureuse de son métier, en tant que vice-présidente du Salon des indépendants, elle a joué un rôle déterminant dans l’encouragement de nombreux artistes comme Aristide Maillol. En 1921 elle sera la présidente de la Société Nationale des Beaux-Arts. Quelques années plus tard en 1928, elle recevra la médaille de Chevalière de la légion d’honneur. En 1932, elle fonde le « Groupe des XII » en collaboration avec Pompon. C’est un collectif artistique spécialisé dans la représentation des animaux et composé de douze peintres et sculpteurs.

La sculptrice Jane Poupelet a été une militante engagée pour les droits des femmes et les animaux. Elle assume d’ailleurs de ne pas construire un schéma familial habituel comprenant époux et enfants. Jane expose presque exclusivement des sculptures animalières magnifiques et des nus féminins, ses œuvres les plus connues aujourd’hui comme la « Baigneuse au bord de l’eau », dotés de formes sensuelles et généreuses. En outre elle s’est insurgée contre les conséquences néfastes du corset qui déforme le corps, une contrainte inacceptable. Ses sculptures possèdent ainsi une présence et une beauté intemporelles qui reflètent son engagement en faveur de l’émancipation et de l’humanisme.

Elle a été membre fondatrice de l’Union française pour le suffrage des femmes en 1909. Jane Poupelet a participé activement aux mouvements de défense de l’égalité des sexes jusqu’à sa mort en 1932 à l’âge de 58 ans.

À bientôt pour une nouvelle anecdote !

Si vous avez aimé, faites le savoir :)

Laissez moi un commentaire :)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

  • Temps de lecture :5 min de lecture