You are currently viewing Marie Cazin l’artiste qui sculpte un univers intime

Marie Cazin l’artiste qui sculpte un univers intime

Un artiste, une anecdote sur Marie Cazin et sa quête artistique de la fragilité de l’existence.

Marie Clarisse Marguerite est née en 1844 à Paimboeuf, en Loire-Atlantique. Son père, Louis Claude Aristide Guillet, est un artiste peintre, et sa mère Clarisse Marie Brault. Marie suivra les pas de son père et deviendra elle aussi artiste peintre et sculpteure. Elle commence par être l’élève de Mme Peyrol Juliette, la sœur de l’artiste animalier Rosa Bonheur, à l’école de Dessin de Paris.
Elle sait qu’en tant que femme une carrière artistique prestigieuse sera difficile. Cependant, son mariage en 1868 avec Jean-Charles Cazin, également peintre, lui ouvrira de nouvelles opportunités. Ce qui lui permettra d’accéder aux différents salons et de posséder son propre atelier. Le couple s’installe à Paris, près du Jardin du Luxembourg. Ils auront un enfant prénommé Michel qui deviendra également sculpteur. La même année, Jean-Charles Cazin est nommé conservateur du musée des Beaux-Arts et professeur à Tours. Le couple déménage alors à Tours où ils résideront jusqu’à la guerre de 1870.

Marie Cazin est d’abord peintre et graveuse avant de se tourner vers la sculpture. Elle y rencontre également un grand succès. Les événements sociaux du 19ème siècle, tels que l’éducation pour tous et le droit de vote des femmes, influencent son travail. Celui-ci s’inscrit dans le courant symboliste.

De fin 1870 à 1875, Marie séjourne en Angleterre avec son mari. Ils rejoignent les artistes français Alphonse Legros et Jules Dalou. Pendant cette période, elle s’initie à la céramique en travaillant pour la Fulham Pottery, située dans la banlieue de Londres. En hiver 1876, le couple voyage en Italie avant de s’installer à Anvers, où son mari s’inscrit à l’Académie royale des beaux-arts. Elle réalise plusieurs séjours auprès de sa sœur Célie-Caroline Guillet, elle-même artiste et épouse d’un peintre britannique. Marie fait partie de la colonie d’artistes de Grez-sur-Loing et de Fontainebleau. Elle expose au Salon de Paris dès 1876, d’abord en tant qu’artiste peintre, puis se distingue en tant que sculpteure à partir de 1882.

Malgré l’ombre de son mari, Marie Cazin parvient à se faire reconnaître en tant qu’artiste sculpteure prolifique. Elle explore des thèmes symboliques tels que la mort et la condition humaine. Son talent est mis en lumière par l’acquisition de son buste de « David » par le Musée du Luxembourg.

En 1886, elle obtient une mention honorable pour un haut-relief en plâtre intitulé « Fragment de décoration ». Marie Cazin crée en 1893 « La science et la charité pansant un petit garçon », un monument commémoratif des docteurs Cazin et Perrochaud à Berck-sur-Mer. Elle met ainsi en avant le travail des femmes aidant les médecins. Cette œuvre sera cachée pendant la seconde guerre mondiale pour lui éviter d’être fondue. Une critique publiée dans Le Rappel en 1893 (Gallica) dira d’elle : « Mme Marie Cazin – qui sculpte comme elle peint, avec un grand charme de rêverie et d’intimité »

Marie Cazin traite régulièrement en tant qu’artiste du sujet des femmes dans ses créations. Mettant en valeur leur image et leur position dans la société, elle explore symboliquement la fragilité de l’existence. Elle est moins sollicitée pour des commandes officielles car elle préfère travailler dans un cadre familial et intime. Néanmoins, elle réussit à se faire une place dans un monde artistique largement contrôlé par les hommes grâce à sa participation à l’exposition universelle de 1893 à Chicago. Son mari décède en 1901, elle réalisera une statue en son honneur en 1904.

Marie Cazin peint des portraits et des paysages qui dégagent une certaine mélancolie. Elle sculpte des figures, souvent féminines, qui expriment leurs émotions et leurs sentiments. Redon considérait la sculpture de Cazin comme la concrétisation d’un rêve intérieur. Elle réalise également quelques monuments funéraires. L’artiste expose dans différents salons d’art et remporte des médailles lors d’expositions universelles. Elle est même choisie pour siéger au jury de la Société Nationale des Beaux-Arts.

Marie tient un journal de 1867 à 1915, édité en 1922 sous le titre « À soi-même : journal ». Dans celui-ci elle prend des notes sur la Vie, l’Art et les Artistes.

Elle commencera par des confidences :

J’ai fait un art selon moi. Je l’ai fait avec les yeux ouverts sur les merveilles du monde visible, et, quoi qu’on en ait pu dire, avec le souci constant d’obéir aux lois du naturel et de la vie.

Marie Cazin dans « À soi-même : journal »

Un critique lui parlera d’humanisme concernant ses œuvres. Elle lui exprimera sa gratitude pour les compliments, mais avouera ne pas comprendre le sens du mot « humanisme » dans ce contexte. Sa demande restera sans réponse.

Elle explique que, à ce stade de sa carrière, elle croit qu’une artiste doit faire un examen de conscience pour évaluer alors comment elle ou il a utilisé ses dons naturels. L’artiste déclare ainsi être actuellement dans cette phase, ce qui est doux et plaisant pour elle. Elle conseille d’ailleurs souvent aux jeunes artistes de rester fidèles à eux-mêmes et de cultiver la fleur de leur propre jardin, qui sera toujours le signe de leur maîtrise artistique.

Pendant la Première Guerre mondiale, Marie déménage son atelier dans le Quartier Latin, puis quitte la capitale pour Equihen dans le Pas-de-Calais. En 1917, lors d’une explosion accidentelle d’un torpilleur, Marie Cazin perd la vue et son fils Michel.

Marie Cazin décède en 1924 à 79 ans et est enterrée à Boulogne-sur-Mer. Le Musée d’Histoire et d’Art de Bormes met en avant les Cazin, une véritable famille d’artistes, avec 34 œuvres de Jean-Charles, dix de leur fils Michel et cinq de Marie.

Au revoir et à bientôt pour une nouvelle anecdote !

Si vous avez aimé, faites le savoir :)

Laissez moi un commentaire :)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

  • Temps de lecture :7 min de lecture