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Marina Abramovic, un art performance qui libère de la peur

Une artiste, une anecdote sur Marina Abramovic, pionnière de l’art performance dont le corps est un médian pour dénoncer la violence et libérer de la peur.

Marina Abramovic est une artiste performeuse née en 1946 à Belgrade. Connue pour ses œuvres extrêmes et provocantes, telles que se lacérer et se flageller, elle explore les limites et les tabous de son corps. Ses performances sont des expériences visant à redéfinir les relations avec le corps, l’art et la société.

Son père, Vojin Abramovic, faisait partie de la garde d’élite du maréchal Tito. Sa mère, Danica, occupait un poste important à l’institut chargé des monuments historiques et de l’acquisition d’œuvres d’art pour les édifices publics. Elle était également directrice du musée de l’Art et de la Révolution. Marina aura une enfance traumatisante entre un père absent et une mère stricte, son éducation de soldat se fera d’ailleurs par la violence.

Dès son plus jeune âge, Marina se sait future artiste. Elle commence donc par la peinture et expose ses œuvres à 14 ans. À 21 ans, étudiante à l’Académie des Beaux-Arts de Belgrade, elle explore de nouveaux médiums artistiques et commence à utiliser son corps comme instrument.
Marina Abramovic est une pionnière de l’art de la performance. Elle explore les limites physiques et mentales à travers notamment la ritualisation des actions quotidiennes. Elle repousse ainsi les frontières entre l’intime et le public, le conceptuel et l’existentialiste, le physique et le spirituel.

Lors de sa première performance à Édimbourg en 1973, l’artiste réalise un acte d’une extrême audace. Elle plante un couteau entre ses doigts de plus en plus vite, allant jusqu’à se blesser.

En 1974, l’artiste réalise une performance intitulée « Rhythm 0 » au studio Morra à Naples. Pendant six heures, elle se livre pleinement au public, lui permettant de faire ce qu’il souhaite d’elle en utilisant des objets présents sur une table. « Objets de plaisir » d’une part, inoffensifs comme des fleurs et des plumes, et d’autre part « objets de destruction » tels que des couteaux, des ciseaux et un revolver…chargé.
Au début, les gestes sont amicaux, mais à partir de la troisième heure, la violence s’installe. Marina est physiquement agressée, embrassée et malmenée. Un homme lui fait une coupure au cou avant de boire son sang ! Elle est ensuite menacée avec l’arme.
Elle aura suscité des réactions divergentes dans le public, les agresseurs se confrontant à des protecteurs. À la fin de la performance, le public est incapable de regarder Marina en face, révélant l’impact émotionnel profond qu’elle a provoqué.

En 1975 Marina rencontre Ulay, artiste allemand, à la Biennale de Paris, ils entament une relation amoureuse. Artistes et partenaires, ils travaillent alors ensemble pendant douze ans et explorent les dynamiques de pouvoir et de dépendance entre homme et femme. Ils abordent les thèmes du genre et de la violence symbolique à travers leurs performances corporelles.

En 1976, Marina Abramovic se blesse lors de leur première performance « Relation in Space » à la Biennale de Venise. Dans « Breathing in Breathing out » en 1977, ils s’embrassent en ayant le nez bouché jusqu’à épuisement de leur réserve d’oxygène. En 1978, ils réalisent la performance « Imponderabilia » lors de l’inauguration d’une exposition. Nus, ils se positionnent de part et d’autre de l’entrée de la galerie, obligeant les visiteurs à passer entre eux pour accéder à l’exposition.

En 1980, « Rest Energy » met en scène l’intense relation entre leurs corps face à face. Un arc est tendu par Ulay et dirigé vers le coeur de Marina. La tension est palpable, Ulay tiendra un peu plus de 4 minutes. Leur série « Nightsea Crossing » (1981-1987) se déroule dans le désert australien. Le duo de performeurs rencontre des indigènes et éprouve une connexion profonde avec la nature. Les performances consistent à rester immobiles et silencieux pendant sept heures, sans manger ni boire. Ils cherchent à transcender les barrières culturelles et à renouer un contact avec la nature. En 1988, le duo réalise leur dernière œuvre commune : « The Lovers: The Great Wall Walk ». Ils parcourent 4000 km le long de la Grande Muraille de Chine. Chacun partant d’une extrémité pour se retrouver sur un pont avant de se quitter, symbolisant ainsi leur séparation.

En 1997, elle présente « Balkan Baroque » à la Biennale de Venise. Assise sur un tas d’os de bovins dont elle nettoie le cartilage comme un rituel de purification, l’artiste a voulu ainsi dénoncer les horreurs commises au cours de la Guerre dans les Balkans. Cette œuvre lui vaut un Lion d’or.

Avec « The artist is present » au MoMA en 2010, Marina Abramovic invite chaque personne à s’asseoir en face d’elle pendant une minute. Pendant 736 heures et 30 minutes cette performance créa des moments d’intense connexion en plongeant leur regard dans le sien. L’artiste s’est retrouvée son ancien amant parmi plus de 100 000 visiteurs.

Souhaitant propager l’art, elle travaille avec des artistes musicaux comme Lady Gaga ou Jay-Z. Elle est aussi enseignante dans plusieurs écoles d’art depuis les années 1990 à Hambourg et aux Beaux-arts de Paris. Elle crée en 2022 le Marina Abramovic Institute (MAI) une fondation pour préserver l’art de la performance. Selon l’artiste la performance reste une forme d’art alternative, non commerciale, mais vitale et toujours nouvelle.

« Je soutiens que jouer avec la peur est important pour l’être humain afin de se libérer de cette émotion. J’utilise l’énergie du public pour confronter ses peurs et montrer ainsi qu’elles peuvent être surmontées. Je soutiens que la souffrance peut être un outil pour créer une œuvre d’art et je fais référence à des pratiques chamaniques qui utilisent la souffrance pour explorer les forces de l’esprit et la mortalité du corps. Je souligne également l’importance du moment présent dans ma performance, car c’est le seul moment qui soit certain. »

Marina Abramovic


Elle crée les « Cleaning the house workshop », des ateliers visant à une « réinitialisation intérieure » par le biais d’actions de restrictions strictes et d’exercices de concentration. L’artiste souhaite ainsi favoriser la purification de l’âme et stimuler la créativité pour les performeurs, mais également pour tout le monde. Elle développe également la « Marina Abramović Method ». Il s’agit d’un jeu de cartes prodiguant des conseils pour atteindre un autre état de conscience.

En 2023 malgré une année difficile pour sa santé, l’artiste sera tout de même présente à l’inauguration de la rétrospective de son travail à la Royal Academy of Arts de Londres. L’approche extrême de Marina Abramovic de l’art performance repousse les limites du possible et du tolérable. Elle explore des questions sur le rôle de la femme et de l’artiste. En conséquence elle interroge sur la place de l’être humain dans l’univers.

« Je déclare ne pas avoir de héros et n’avoir jamais été influencée par des individus spécifiques. Mes influences viennent plutôt de la cosmologie, des sciences et de la connaissance des anciennes civilisations. Je mentionne l’image de la déesse indienne Kali, qui symbolise le cycle sans fin de la vie et de la mort. Je remets également en question la conception du temps, de la vie et de la mort. Je critique les institutions politiques du catholicisme et de l’orthodoxie pour s’être éloignées de la vérité. Je mentionne également que mon grand-père était un saint de l’Église orthodoxe de Serbie. Enfin, j’exprime mon attachement à la planète plutôt qu’à ma nationalité yougoslave. »

Marina Abramovic

Au revoir et à bientôt pour une nouvelle anecdote !

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