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Quand la sculpture prend vie dans l’animation de Tim Burton

Tim Burton, né en 1958, est un réalisateur de films et de films d’animation internationalement reconnu depuis plus de quatre décennies, avec un succès jamais démenti. Ses personnages et ses univers singuliers sont à l’origine d’un style unique et reconnaissable, appelé « burtonesque ». Son art dépasse les conventions du médium, du format et de l’échelle. Artiste polyvalent dans les domaines du dessin, de la peinture, de la vidéo, de la photographie. Il est aussi l’auteur d’un éventail de sculpture étranges et diversifiées. Une fois celles-ci animées, elles racontent d’étranges et fantastiques histoires.

J’ai découvert que le terme « animation » dérive du latin « anima », qui signifie « supplément d’âme ». En fait cela se traduit par donner de la vie. Mais remontons dans l’histoire de l’animation.

Une brève histoire de l’animation

L’idée d’animer des photographies nait d’un défaut constaté dès 1838. Un léger décalage temporel apparaît dans les prises de vues stéréoscopiques (avec deux appareils de deux angles différents, un peu comme le font nos yeux). Le mouvement est vu, cela ouvre la voie au développement de l’animation photographique en 1850. En 1852 Duboscq invente son « bioscope » permettant d’animer des photos stéréoscopiques.

La chronophotographie

Inventée par Eadweard Muybridge en 1872, elle mettra fin à un débat scientifique en prouvant que les quatre jambes des chevaux sont simultanément en l’air au galop.
Ainsi Étienne-Jules Marey utilisera la chronophotographie pour étudier les mouvements du corps humain et animal. Cela préparera donc le terrain pour les frères Lumière qui inventent le cinématographe en 1895. Il est important de souligner que la photographie animée, telle que la chronophotographie, n’était pas la seule forme de photographie en mouvement avant l’avènement du cinéma. D’autres techniques, comme le stop motion, ont également été explorées par des chercheurs tels que John Rudge dès 1882.

Au 20ème siècle, il est essentiel de voir la photographie animée comme une forme d’image distincte du cinéma et de la photographie traditionnelle. Aujourd’hui, nous la connaissons à travers les GIFs animés sur nos téléphones portables, ainsi qu’à travers le cinémagraphe. Elle a évolué avec la technologie jusqu’aux animations 3D des films actuels qui se rapprochent de plus en plus du photo-réalisme.

Le Stop Motion

Cette technique de l’animation en volume permet de donner vie à des objets immobiles. Cela repose sur une méthode d’image par image, semblable à celle utilisée dans les dessins animés. Certains films d’animation réalisés en utilisant cette technique utilisent la pâte à modeler ou le papier mâché comme matériaux.

Pour réaliser un tel film, il est nécessaire de prévoir plusieurs années de préparation et environ 18 mois à deux ans de travail technique. Chaque seconde de film requiert une journée entière de travail. Pour 1 seconde de film, donc 24 images, les dessinateurs produisent de nombreux croquis afin de trouver les bonnes expressions et les poses adéquates pour les personnages. Ensuite on commence à sculpter la pâte à modeler. Puis un storyboard défini l’histoire image par image, parfois en l’animant. Les décors sont également conçus avec des détails précis afin de permettre des prises de vue variées. La réalisation de ces décors demande des compétences techniques considérables.

Chaque animateur est affecté à une tâche spécifique dans le studio, où les décors sont déjà installés et les personnages sont animés image par image devant une caméra. La lumière joue un rôle crucial dans la mise en valeur des sculptures en pâte à modeler, créant une atmosphère particulière. Bien que le studio privilégie l’utilisation minimale d’images générées par ordinateur, certaines situations particulières telles que l’animation de l’eau, peuvent nécessiter la production par ordinateur d’images 3D.

La 3D ou CGI (Computer Generated Imagery)

Très différente, la modélisation 3D est également utiliser pour les films d’animation. Toutefois, malgré la prédominance du numérique, la sculpture pour la création de personnages en animation reste nécessaire et l’acquisition de compétences pratiques reste essentielle. Cela permet aux artistes de développer leur compréhension des volumes et de les appliquer. L’animation est un domaine en constante évolution, qui offre aux personnes la possibilité d’explorer de nouveaux univers et de nourrir leur imagination. Le modeleur 3D est un artiste qui transforme des concepts en objets en trois dimensions, et qui doit jongler avec des contraintes techniques. Ce métier peut s’exercer dans différents domaines tels que le jeu vidéo, l’animation ou les effets spéciaux.

Quand les créations de Tim Burton deviennent sculptures

Tim Burton a utilisé le stop-motion en 1982 pour son premier court métrage d’animation « Vincent ». Après le succès de son premier long-métrage, « Pee-Wee Big Adventure », Burton a continué à utiliser cette technique dans ses films, tels que « L’étrange Noël de Mr Jack », « Les noces funèbres » et « Frankenweenie ». Il l’a également utilisé dans certaines scènes de ses films en prises de vues réelles, comme « Pee-Wee Big Adventure », « Beetlejuice » et « Ed Wood ».

Le labyrinthe de Tim Burton

L’exposition « Le Labyrinthe » est un événement incontournable qui transporte les visiteurs dans le monde intérieur du cinéaste. Avec plus de 300 itinéraires possibles, il nous offre une immersion totale dans son univers créatif avec « Alice au pays des Merveilles », « Mars Attacks ! », en passant par « L’Étrange Noël de Monsieur Jack », « Charlie et La Chocolaterie » sans oublier « Beetlejuice ». Sont également présents les personnages de « Edward au mains d’argent », la Reine Rouge, Victor et Émilie des « Noces Funèbres » ainsi que le Chapelier Fou. Lumières, dessins originaux, monstres et surprises sont au rendez-vous et l’organisation nous permet de comprendre le processus de création de Tim Burton.

La Reine Rouge et un soldat
La Reine Rouge et un soldat

Lors de votre déambulation à travers ces espaces étranges, vous aurez la chance de découvrir des sculptures, des vêtements et accessoires issus des films et des animations. Cette exploration, à travers de petites pièces et de vastes paysages magnifiquement éclairés, promet de ravir les amateurs pour voir monstres et personnages étranges surgir devant vos yeux émerveillés.

à gauche Vincent le premier court métrage de Tim Burton - à droite Victor dans le film "Frankenweenie" de 2012
à gauche Vincent le premier court métrage de Tim Burton – à droite Victor dans le film « Frankenweenie » de 2012

Au cœur du Labyrinthe, on voyage à travers l’imaginaire de l’artiste. Tout d’abord Vincent Price, figure marquante de la vie de Tim Burton. Il a été une source d’inspiration et son premier court métrage d’animation « Vincent » en est le parfait exemple. Les oeuvres de l’artiste sont influencées par les personnes importantes de sa vie et leur assurent un héritage à travers son art.

Le dessin occupe une place centrale dans la vie de l’artiste. Il l’utilise comme source de divertissement et de relaxation, mais aussi pour générer de nouvelles idées. Ses esquisses reflètent ses pensées du moment, agrémentées d’observations astucieuses ou de poèmes. Quelque soit leur contenu, ces dessins sont créés dans un but de plaisir et de loisir. Burton aime esquisser ses idées et transmettre des conseils et des encouragements à travers sa propre sténographie visuelle.

à gauche Pinguin - au centre Beetlejuice - à droite un martien de Mars Attacks !
à gauche Pinguin – au centre Beetlejuice – à droite un martien de Mars Attacks !

Les héros de bandes dessinées sont transformés en personnages complexes et menaçants dans les films de Tim Burton. Malgré le rejet ou la torture, ils trouvent leur place en marge de la société. Les clowns et les animaux jouent un rôle important dans ces films, inspirant à la fois la peur et l’admiration. La folie est représentée comme une liberté terrifiante.

On explore également la place des animaux dans notre société à travers ses films. Il les présente comme des compagnons fidèles mais aussi comme des victimes de la cruauté humaine. Les chiens jouent un rôle central dans ses œuvres, et certains de ses propres animaux de compagnie y font même des apparitions. La vision artistique unique de Tim Burton se traduit par des films remarquables, tels que le film d’animation « Frankenweenie ». Les animaux ont souvent une personnalité plus marquée que les humains.

Victor et Emilie du film d'animation "Les Noces Funèbres" de Tim Burton
Victor et Emilie du film d’animation « Les Noces Funèbres » de Tim Burton

L’amour est un thème important dans les films de Tim Burton. Selon Johnny Depp, qui a travaillé avec lui sur de nombreux projets, l’amour dans ses films représente les aspects imprévisibles de la vie humaine, tels que le danger, l’obsession, la maladresse et la douceur. Dans l’univers de l’artiste l’amour ne se limite pas qu’aux humains, même les monstres peuvent trouver de l’affection et de la compagnie.

Edward au mains d'argent (à gauche) et une de ses sculptures en glace (à droite)
Edward au mains d’argent (à gauche) et une de ses sculpture en glace (à droite)

Tim Burton a toujours eu une affinité avec les monstres et les créatures incomprises. Il s’identifiait à eux durant son enfance. Le personnage emblématique d’Edward aux mains d’argent est né de ses dessins représentant un garçon avec des ciseaux à la place des mains. La vie et la mort sont également des thèmes récurrents dans l’univers de Burton. Il préfère les explorer plutôt que de les considérer comme des sujets tabous. D’ailleurs il s’inspire notamment de la fête mexicaine Día de los Muertos pour représenter la mort de manière festive. Accepter l’existence de l’au-delà avec humour peut nous aider à surmonter nos peurs et à assumer nos responsabilités dans la vie présente.

Sweeney Todd, incarné à l'écran par Johnny Depp
Sweeney Todd, incarné à l’écran par Johnny Depp

Étudiant, il découvre « Sweeney Todd ». Cela a été une source de fascination pour lui en raison de son mélange de mélodrame et d’esthétique horrifique. Ce film reflète parfaitement l’univers tourmenté et fou de Tim Burton.

Sculpture de L'enfant Huître, d'après un poème tiré de "La Triste Fin du petit enfant huître et autres histoires"
Sculpture de L’enfant Huître, d’après un poème tiré de « La Triste Fin du petit enfant huître et autres histoires »

Les personnages créés par l’artiste , tourmentés et passionnés, suscitent une forte émotion en nous. Malgré leur apparence étrange, nous pouvons nous identifier à eux. Il possède un sens de l’humour unique dans ses œuvres, tandis que ses images transmettent des concepts simples mais brillants. Son style narratif expressionniste divertit sans sacrifier le sens grâce à de multiples explications.

L'étrange Noël de Mr Jack à gauche et au centre - le Chapelier Fou à droite
L’étrange Noël de Mr Jack à gauche et au centre – le Chapelier Fou à droite

Aimant en particulier Halloween et Noël, Tim Burton les combine pour créer le film d’animation « L’Étrange Noël de monsieur Jack ». Un autre personnage mystérieux, le Chapelier fou, se retrouve dans un paysage onirique avec d’imposants champignons. Bien qu’il fasse preuve d’espoir, il se sent impuissant. Grâce à ses talents artistiques, il parvient à résoudre certains problèmes. Mais la question de sa santé mentale le hante continuellement.

Un univers unique

En conclusion, Tim Burton est un cinéaste internationalement reconnu pour son univers créatif unique. Ses personnages et ses histoires captivent le public en transmettant à la fois la beauté et l’art. Ses films explorent des thèmes tels que l’amour, la mort, la marginalité et la cruauté humaine, tout en embrassant l’humour et l’espoir. Son style narratif et visuel distinctif divertit sans sacrifier le sens, faisant de chaque création un chef-d’œuvre cinématographique.

Il nous permet d’accepter la mort, les monstres, les rendant chaleureux, touchants. Sa vision de l’après nous promet des rencontres surprenantes. Ainsi on se rappelle de la coopération qui règne dans « L’étrange Noël de Mr Jack ». Les personnages déclament des poèmes soigneusement élaborés. Ils ont le pouvoir de transformer des objets innocents en créatures monstrueuses, s’amusent en compagnie de chiens fantômes. Avec le film d’animation « Les Noces Funèbres » Tim Burton nous présente un monde des vivants terne, sombre, glacial et lugubre. En contraste avec un monde des morts vivement coloré, empreint de joie éclatante. Il est presque dommage que le parcours propose si peu d’œuvres, car les quelques 150 pièces peinent à remplir l’espace des salles les plus spacieuses.

Crédit photos : C.C.M.

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