You are currently viewing Sculpter les mots : un art universel et millénaire

Sculpter les mots : un art universel et millénaire


L’argile est une matière abondante et noble. C’est à partir d’une motte de terre, dit-on, que l’humain est créé. Mais cela c’est une autre histoire… De la pierre à l’argile, sculpter les mots est universel. L’ancêtre du livre c’est toujours une histoire de sculpteur et ça date de 5500 ans. Depuis des milliers d’années, la sculpture a été un moyen pour l’humain de partager son art et d’aller vers les autres. Cette forme d’expression artistique a traversé les siècles en s’adaptant à différentes cultures et civilisations. Au-delà de sa fonction esthétique, la sculpture permet à l’homme de créer des objets utilitaires, des monuments, témoignant ainsi de la richesse culturelle de l’humanité.

« Dans l’écriture, la main parle ; et dans la lecture, les yeux entendent les paroles. »

Eugène Géruzez historien

Sculpter pour communiquer

Parallèlement à sa fonction artistique, la sculpture a permis la création des tablettes d’argile gravées pour la gestion des transactions commerciales et des plaques de bois gravées pour l’impression de tissus. Tout ces objets témoignent de l’ingéniosité de l’homme. La sculpture a également contribué à la préservation des histoires et des cultures. La plus ancienne sculpture connue date de 40 000 ans : la « Vénus de Hohle Fels ». Ces créations on su traverser les siècles et continuer d’ inspirer les artistes contemporains en quête de beauté ou de message.

Oui, la sculpture permet à l’humain de partager et d’aller vers les autres. Sculpter a toujours servi à communiquer et partager une idée, une émotion ou une croyance. Les statues de divinités dans les temples, les monuments commémoratifs, les portraits des souverains ou les bas reliefs sur les façades de bâtiments, témoignent de l’importance accordée à la sculpture tout au long de l’histoire.

Une nouvelle forme de communication à la fin de la préhistoire

La préhistoire et les traces laissées dans les grottes comme celle de Lascaux nous font partager des sentiments fort, comme si l’humain préhistorique voulait nous partager son ressenti par l’intermédiaire de ses peintures. Il nous fait savoir à quoi correspondait son quotidien. Une époque se termine et l’écriture commence, des moyens plus élaborés voient le jour. Était-ce la nécessité éprouvée par les hommes de conserver une trace qui serait à l’origine de leurs ingéniosité ? L’homme utilisera dorénavant ses mains pour sculpter les mots et ainsi conserver une trace de ces échanges. Il crée un nouveau moyen de communication pour raconter l’histoire, son histoire.

Mésopotamie : sculpter et écrire, compléments prospères.

L’écriture n’existe que depuis 5500 ans…Elle prendra naissance sur la pierre et la tablette d’argile en Mésopotamie vers -3300 avant JC. La sculpture permettra de faire des échanges, facilitant les transactions et dynamisant les affaires. L’écriture est un outil de contrôle, on dessine les marchandises commercialisées : épis, surface agricole, bœufs et même les esclaves. Ces « biens » s’échangaient contre de la monnaie faite de jetons ou pierre. L’homme savait-il compter avant de savoir écrire ?

L’écriture naît à la croisée de deux pratiques, un système qui relie les deux est alors inventé. On remplace les jetons par ce qu’il représente en terme de valeur et l’écriture prend vie. Sculpter les mots devient universel dans une époque de grande prospérité économique. Une nouvelle conception elle aussi sculptée, la roue, apportera également une grande aide.

La terre n’a pas les mêmes contraintes que la pierre. Sa malléabilité lui permet d’être remodelée plusieurs fois. Le transport est plus facile, plus légères, elle voyageaient avec des textes officiels. Ces textes deviennent nécessaires avec l’émergence des religions, mais également l’administratif. Le commerce s’intensifie, les actes de ventes se formalisent, la comptabilité, les mesures. Les ancêtres de nos factures actuelles s’appelaient des calculis. Fabriqués en terre cuite comme des petits objets qui représentaient la marchandise accompagnée. Mais de multiples tablettes en argile remplaceront rapidement tout ce système. Leur taille permet d’indiquer qui est le propriétaire d’un bien, et de lister la totalité de ses marchandises. Et même si les tablettes d’argile ont l’air fragiles, le hasard des incendies les feront cuire ! Elles traverseront ainsi le temps jusqu’à nous, nous enseignant les connaissances et les règles de l’époque, restituant ainsi une mémoire de notre civilisation.

Une communication qui évolue au cours des millénaires

Pendant ce temps d’autres expérimentent l’aventure du message écrit. Les Égyptiens créent un système de hiéroglyphes qui représentent une chose ou expriment un son. Les formes stylisées disparaîtront, elles seront remplacées par l’écriture cunéiforme, écriture en coin et en volume, faite par des roseaux sculptés qui serviront de tampons. Ces sortes de caractères évoluent vers la représentation de ce qu’on appelle maintenant le phonétisme à la manière des rébus. Elle continue évoluer pendant 3000 ans, s’adapte aux contraintes des supports.

Sculpter est universel comme ces hiéroglyphes sur le mur d’un temple
Écriture cunéiforme sculptée sur tablette d’argile

En 650 avant J-C une autre type d’écriture plus simplifiée se développe : le démotique qui succède à l’écriture cursive. Cette forme d’écriture jusqu’alors réservée aux scribes, disons les bureaucrates de l’époque, et sa simplicité si on peut dire va permettre qu’elle s’étende à un plus grand nombre de personnes. Elle prend une autre dimension, sculptée sur des supports plus résistants comme la pierre ou le métal, matière très convoitée venue de contrées lointaines. Leur rareté et leur prestige en feront des supports idéaux pour les inscriptions royales. Elle pourront braver l’éternité sur d’autres matières luxueuses : l’or, le cuivre, le bronze, l’agate ou l’albâtre transparente seront destinés aux déesses et aux dieux, sous forme de bijoux rares.

L’alphabet que nous utilisons aujourd’hui provient de la fusion par une tribu du nom de Latins (plus tard connue comme les Romains), de deux écritures : celle des Etrusques et celle des Grecs. Cet événement a lieu vers le 7ème siècle avant JC.

Xylographie et sinogrammes : l’écriture et l’impression en Asie.

En Asie apparaît la xylographie, procédé qui utilise la gravure sur bois pour créer une empreinte à reproduire par impression. Une date exacte semble difficile à fixer, certains parlent du 2ème siècle après JC, d’autres du 7ème siècle. Ce qui est sur c’est que cette technique, très ancienne, a permis l’impression de textes et motifs bouddhiques sur papier et tissus.

L’écriture chinoise est la seule à avoir perduré depuis plus de 3 000 ans. Les premiers caractères, des textes oraculaires gravés sur des os larges et des carapaces d’animaux. Il y a environ 2000 ans ils prendront leur forme définitive. Cet événement laissera dorénavant une trace écrite à plusieurs endroits. Les chinois s’émancipent de la langue parlée avec les sinogrammes ainsi ils véhiculent la philosophie confucianiste, le bouddhisme, la calligraphie. Ils inventent les caractères mobiles au début du 11ème siècle. Cette technique de sculpture des caractères sur le métal révolutionne la reproduction des textes et des illustrations sur divers supports comme le bois, le métal, à des fins décoratives et également pour des publications. Les images créés étaient ensuite imprimées sur papier. Mais leur réalisation à la main les rendaient coûteuses et limitées en quantité.

Gutenberg et l’impression de masse

Il faudra attendre un imprimeur en Allemagne, Johannes Gutenberg, qui inventera un procédé typographique. La presse et l’encre grasse permettront l’avènement du livre imprimé vers 1440. L’émergence de l’impression de masse de textes et de livres démocratisera l’accès à la lecture, ce qu’on oublie parfois, et ça changera de significativement l’impact sur l’histoire de la littérature et de la culture.

Les images continuaient d’être imprimées de manière indépendante, avec des presses spécialisées. La technologie de l’époque avait ses limites et ne permettait pas de les inclure dans les ouvrages imprimés en typographie. Les images continuent de jouer un rôle important dans la diffusion de l’information et de la culture visuelle. Jusqu’à aujourd’hui dans ce qui nous permet de communiquer au travers de ce blog par exemple.

Des caractères d’imprimerie sculptés dans le métal, pour former les mots

La sculpture : un héritage artistique millénaire

En somme, la sculpture a permis à l’homme de créer, de préserver et de transmettre tout au long de son histoire. Dans les différentes civilisations sculpter des mots est universel afin de transmettre ses idées, échanger des marchandises. Sa nature expérimente toutes les matières qu’il a à sa disposition, et la sculpture a contribué à la richesse culturelle de l’humanité. Encore aujourd’hui elle inspire et interpelle les artistes du monde entier, symbolisant le pouvoir et la beauté de l’art au-delà des cultures et des frontières.

Si vous avez aimé, faites le savoir :)

Laissez moi un commentaire :)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

  • Temps de lecture :11 min de lecture