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Une artiste, une anecdote sur Caitlin McCormack, qui crochète des sculptures délicates et fascinantes
Caitlin McCormack, née en 1988, est une artiste spécialisée dans les sculptures de fibres, basée à Philadelphie aux États-Unis. Issue de la campagne du New Jersey, Caitlin McCormack tire encore aujourd’hui des enseignements de ses expériences passées. En effet elle explorait les bois, collectait des champignons et des spécimens ostéologiques. De même elle cueillait des plantes pour des expériences de teinture.
McCormack obtient son BFA de l’Université des Arts de Philadelphie en 2010. Depuis 2019 elle étudie sous la direction de la maître céramiste Marguerita Hagan. Elle enseigne à la Hussian College of Art and Design et à l’Académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie, toutes deux situées à Philadelphie. Elle a également participé à des résidences d’artistes et a contribué à des expositions individuelles et collectives. L’artiste est lauréate d’une bourse de la Joseph Robert Foundation en 2021. En 2023 elle reçoit le prix commémoratif Maurice Freed du Woodmere Art Museum toujours à Philadelphie.
Enfant, sa grand-mère lui apprend à crocheter. Elle a combiné cet artisanat avec les oiseaux en bois finement fabriqués par son grand-père pour créer un hommage à ses grands-parents décédés. McCormack crée des sculptures délicates à partir de fil, inspirées de fossiles et de squelettes d’animaux. Par exemple ses « Specimens » qui semblent faire partie d’un cabinet de curiosité. Également elle traite de la transformation comme avec « Study II » ou encore « Coronary » en 2019. Cependant elle s’intéresse aussi à la dégradation de la mémoire factuelle par le temps. Caitlin McCormack a toujours été obsédée par la perte qu’elle ne peut pas surmonter. Ce n’est pas la personne en elle-même qui lui manque, mais plutôt les regrets de ne pas avoir dit certaines choses au bon moment, qui la perturbent profondément.
Son travail suscite des discussions sur le genre, la classe sociale et la mémoire. Malgré les défis liés à son sentiment d’insécurité, elle trouve de l’aide en se concentrant sur les aspects techniques et conceptuels de son art. Selon l’artiste il est crucial de conserver un certain humour et de faire preuve de créativité, même si cela peut sembler peu conventionnel. Les défis liés à la dépression peuvent être particulièrement difficiles à surmonter, surtout lorsque votre carrière et votre estime de soi sont étroitement liées. Se concentrer sur des défis techniques et conceptuels peut être une chose vraiment utile à garder à l’esprit.
Le fil utilisé dans ce processus peut être considéré comme l’unité cellulaire de base de la fabrication, et en utilisant des supports et des pratiques transmis par ses proches décédés, elle vise à créer des emblèmes de sa lignée sanguine qui s’amenuise, incarnés par les restes squelettiques de chaque organisme.
Pour obtenir un aspect squelettique réaliste, McCormack doit fabriquer son matériau avant de le crocheter. Elle mélange de la colle avec du fil de coton pour reproduire les tissus osseux. Chaque sculpture peut prendre des jours à des semaines à réaliser, en fonction de sa complexité.
Les sculptures au crochet de Caitlin McCormack ont été exposées aux États-Unis et à l’international dans des expositions solo et collectives au Musée Mütter, au Musée d’Art Taubman, au Musée d’Art Contemporain de Mesa, au Musée de Rijswijk, à la galerie Rhodes Contemporary, à la galerie Hashimoto Contemporary, au Musée d’Art de Fort Wayne, et à la SPRING/BREAK Art Show à New York. Son travail a été présenté dans de nombreuses publications, notamment Juxtapoz, Hyperallergic, le Smithsonian, The Guardian, Fiber Art Now et Bust Magazine. De plus, ses sculptures ont fait l’objet d’une interview avec Jim Cotter pour Articulate.
Ses créations sont de magnifiques et solitaires représentations de la vie, fabriquées avec une minutie et un amour extrême. Son travail méticuleux et magique évoque l’esprit créatif de ses ancêtres et équilibre avec perfection mystère, deuil et émerveillement enfantin. Souvent squelettiques de nature, ses créatures sont sombres et inquiétantes, mais avec une touche subtile de fantaisie et de jeu. Utilisant de la ficelle pour créer ses œuvres, elle peut ainsi les concevoir de façon réaliste ou imaginaire. Elle jongle habilement entre les deux avec une grande aisance et élégance.
« Pourquoi les humains chérissent-ils les objets au-delà du contexte original dans lequel ils ont été créés ? Les héritages, les souvenirs et les objets de collection jouent un rôle important dans les souvenirs, les humeurs et les identités des gens à travers de nombreuses générations et cultures. À travers les peintures, la sculpture, la taxidermie et la restauration de meubles, le spectacle, Immortel, explore certaines des façons dont nous, en tant que personnes, essayons d’intervenir dans le processus naturel de décomposition, ou de perte, afin de perturber notre perception du temps à travers les objets »
Les sculptures de Caitlin McCormack, mettent en scène des formes abstraites variées. Cela refléte l’isolement et la vulnérabilité face à un monde troublant. À travers son art, elle explore les sentiments d’aliénation et les peurs liées à un manque de sécurité, offrant une vision sombre mais puissante de la condition humaine moderne.
Au revoir et à bientôt pour une nouvelle anecdote !