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Simone Boisecq cherche l’esprit de la chose

Une artiste, une anecdote sur Simone Boisecq : « Ce qui m’intéresse, c’est l’esprit de la chose et non pas la forme ».

Simone Boisecq, née en 1922 à Alger, est la fille de Suzanne, pianiste originaire de Smyrne en Turquie et de Émile, poète breton originaire de Vannes. Ayant suivi son frère, il s’installe à Alger en 1920 et travaille dans une administration militaire. Il nourrit un vif intérêt pour les arts premiers et collectionne notamment des œuvres africaines. Il crée des livres-objets de poésie où il réalise des dessins, des enluminures et des sculptures en bois.

Des calvaires de Bretagne à la sculpture

Simone découvre la Bretagne en 1926. Enfant rebelle, elle vie sous tension sa relation avec sa mère autoritaire. À partir de 1934, elle se plonge dans la lecture, en particulier des œuvres de Paul Claudel et d’André Gide. C’est lors de vacances dans le Morbihan qu’elle découvre les calvaires bretons, qui auront une grande influence sur son art.

En 1937, elle décide de suivre des cours de dessin. Par la suite elle prend des cours du soir en sculpture aux Beaux-Arts d’Alger. En 1940 elle obtient son baccalauréat. Elle entre en hypokhâgne au lycée Bugeaud puis elle poursuit ensuite des études de philosophie à l’université d’Alger. La même année, son père est révoqué par le régime de Vichy. C’est un fervent défenseur des revendications culturelles et nationales des Bretons, ainsi que des Arabes, des Kabyles, des indiens d’Amérique et des Gitans. En 1941, poursuivant ses études de philosophie, elle devient alors pour un temps rédactrice dans l’administration du Gouvernement général.

Vers la sculpture abstraite

L’Agence France-Presse l’engage en 1943, après la réalisation d’un entretien avec André Gide elle est mutée à Paris en 1945. Elle y découvre les œuvres de différents artistes notamment Picasso, Brancusi, Klee. En 1946 elle rencontre Karl-Jean Longuet, sculpteur français et arrière-petit-fils de Karl Marx. Il la pousse à abandonner le journalisme pour se consacrer complètement à la sculpture, d’abord comme céramiste puis comme sculptrice.

Après leur mariage en 1949, le couple emménage dans un atelier sans eau. Pendant l’été, ils se rendent à Golfe Juan où ils rencontrent Óscar Domínguez et Pablo Picasso. Simone Boisecq se consacre à la céramique dans les ateliers de Vallauris. Ils fréquentent différents artistes. Sa visite de l’atelier de Constantin Brancusi accélère son évolution vers l’abstraction.

Des sculptures sauvages

Henri-Pierre Roché, écrivain et collectionneur, est le premier à utiliser le terme « sauvages » pour décrire les sculptures en terre cuite de Simone Boisecq réalisées dans les années 1940. Ce terme englobe à la fois la nature et l’apparence de ses œuvres, ainsi que le tempérament et la personnalité de l’artiste. Sa rencontre en 1946 après guerre avec Germaine Richier confirme leur destin créatif et leur lutte avec la matière. Leur langage sauvage et novateur est salué dès leur première exposition en 1952.

Sa sculpture est marquée par des formes et figures totémiques, dépourvues de toute représentation figurative, mais chargées d’une puissance interne. Pour exemple « La Forêt », réalisée en terre cuite en 1953, la même année, « Soleil Césaire » en terre cuite. Ce thème du soleil reviendra à plusieurs reprises dans son travail. Simone Boisecq approche son art avec une curiosité ethnographique. Elle cherche à rester fidèle à ses premières inspirations, les cultures « premières » et leur lien avec la magie. Le mouvement artistique du 20ème siècle lié à l’art africain exerce également une influence.

En 1956 elle réalise « Le Faune » en ciment et pierre, cette œuvre se dessine de profil mais aussi de face dans un équilibre entre les vides et les pleins. Cette même année marque également le début de son travail en sculpture monumentale pour des commandes publiques avec une version impressionnante du « Soleil » réalisé à Colmar. Monnaie de Paris éditera certaines de ses oeuvres. Des expositions rétrospectives de son travail ont eu lieu en France, en Allemagne et au Portugal.

Simone Boisecq décède le 6 août 2012 à l’âge de 90 ans à Auray. Artiste polyvalente intéressée par la sculpture, la littérature et la théorie esthétique, son œuvre s’est nourrie de l’esprit symbolique des arts premiers, avec son aspiration à transcender la figure et le réalisme.

Au revoir et à bientôt pour une nouvelle anecdote !

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