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Judy Chicago : Un art féministe pour une révolution humaine

Une artiste, une anecdote sur Judy Chicago, figure pionnière de l’art féministe, explorant expériences féminines et enjeux sociaux.

Judy Chicago voit le jour en juillet 1939 à Chicago aux États-Unis. Née Judith Cohen, elle est la fille de May, danseuse, et de Arthur, militant syndicaliste marxiste blacklisté à l’époque du maccarthysme. May a encouragé Judith et son frère Ben à suivre leur voie artistique. Après ses études secondaires, elle poursuit son parcours à l’université de Californie à Los Angeles où elle obtient alors le Bachelor of Arts (licence) en 1962. Elle obtient ensuite un Master of Fine Arts (master en beaux-arts) en 1964.

À la fin des années 1960 Judith Cohen devient l’une des figures fondatrices du mouvement féministe artistique aux États-Unis. Elle remet en question le minimalisme, qu’elle considère trop formaliste, et s’oriente vers des œuvres explorant ses expériences en tant que femme. L’artiste adhère au « Los Angeles Look ». Ce mouvement né sur la côte ouest des États-Unis prônait l’utilisation de nouveaux matériaux et procédés de fabrication issus du monde industriel afin de créer des objets au fini brillant et impeccable.

Kynaston McShine, conservateur au Jewish Museum de New York sélectionne sa sculpture minimaliste « Rainbow Pickets » en 1966. Elle intègre l’exposition collective marquante Primary Structures, qui illustre l’insertion de l’artiste dans l’art minimal. Elle réalise également une trentaine de performances environnementales entre 1968 et 1974 pour « féminiser l’atmosphère » dans des lieux comme le désert californien.

Le premier programme d’enseignement féministe de Californie, le Feminist Art Program voit le jour en 1969 à son initiative, à l’Université d’État de Fresno. En 1970 l’artiste devient Judy Chicago, elle affirme ainsi son identité en tant que femme indépendante. Elle ne veut plus être définie par celui de son père ou de son défunt mari. Ce nouveau nom vient du surnom qui lui est donné du fait de son accent.

Entre 1971 et 1973, Judy Chicago travaille en collaboration avec l’artiste Miriam Schapiro dans le cadre du Feminist Art Program à CalArts. Ensemble, elles incitent les étudiantes à partager leurs vécus et les aident à réaliser leurs ambitions artistiques. Ainsi dans ce cadre « Womanhouse » en 1972 comporte 17 installations explorant les expériences des femmes dans une société discriminante. Le projet aborde des thèmes tels que les tâches domestiques et la construction de la féminité. Il s’inspire du livre de 1963 « La Femme mystifiée » de Betty Friedan. Ce projet attire 10 000 visiteurs.

Parallèlement, Chicago et Schapiro innovent en développant une iconographie singulière. Elles intègrent des motifs floraux stylisés autour d’un centre représentant une vulve. Cette « imagerie du centre » (central core imagery) suscite alors des débats au sein des cercles féministes. Certaines critiques jugent alors cette approche essentialiste (on naît femme, on ne le devient pas) au détriment d’une perspective culturelle et sociale.

L’artiste Judy Chicago fonde en 1973 le Woman’s Building à Los Angeles. C’est un lieu d’exposition et de formation artistique dédié exclusivement aux femmes. L’artiste a travaillé sur ce projet en collaboration avec Sheila Levrant de Bretteville et Arlene Raven.

Judy Chicago atteint la célébrité avec « The Dinner Party » en 1979. Une œuvre monumentale exposée au Elizabeth A. Sackler Center for Feminist Art du Brooklyn Museum à New York. Cette installation honore 39 femmes influentes de l’histoire et de la mythologie. Elle prend la forme de tables alignées en triangle sur lesquelles des couverts sont disposés. Une centaine de femmes ont ainsi participé à la réalisation de chaque emplacement comprenant céramique, porcelaine et broderie textile.

Dans les années 1980, Judy Chicago se consacre à plusieurs séries artistiques réalistes abordant ainsi des revendications spécifiques. Le « Birth Project » entre 1980 et 1985 aborde l’expérience de la maternité à travers les prismes de la douleur, du réalisme et de la spiritualité. En 1987 l’œuvre « Powerplay » se penche sur la thématique de la construction de la masculinité et des abus de pouvoir. De 1985 à 1993 Judy Chicago explore ses origines juives avec le « Holocaust Project », en collaboration avec Donald Woodman. Elle produit également, de 1993 à 1994, « Autobiography of a Year », offrant une vision intime de son travail en atelier.

Dans son autobiographie, Judy Chicago explique que son art s’anime par la quête d’une reconnaissance pour une sculpture spécifiquement féminine. Elle admet que son discours peut paraître simpliste, mais elle revendique cette stratégie pour intégrer les expériences des femmes dans l’art, modifier la perception de la réalité, et ainsi transformer la culture.

Après une grave alerte santé en 2012, Judy Chicago entame un travail artistique explorant la mortalité et l’extinction des espèces. Cela aboutit à « The End : A Meditation on Death and Extinction » en 2018. L’artiste utilise le verre, la céramique et le bronze afin de refléter la dureté et la fragilité de la vie elle-même. L’œuvre revendique également une posture antispéciste et critique par son utilisation du bronze par contraste avec les trophées de chasse.

En 2021 le De Young Museum de San Francisco présente « Judy Chicago : a retrospective ». Cette rétrospective revient sur 60 ans de création et de combat contre la suppression et l’effacement de la créativité des femmes.

Bien qu’une figure importante de l’art féministe, Judy Chicago ne fait pas l’unanimité parmi les féministes. Elle n’a jamais été invitée à rejoindre les « Guerrilla Girls » par exemple. Ce collectif est connu pour ses actions percutantes contre le sexisme dans l’art. Contrairement à de nombreuses artistes, elle ne mise pas sur le récit autobiographique, la performance ou le body art. L’artiste Judy Chicago se positionne en chercheuse, s’intéressant aux aspects ignorés de l’Histoire.

« Je n’ai jamais cru que l’art féministe devrait être uniquement pour les femmes. Après tout, n’avons-nous pas passé des siècles à regarder le travail des hommes ? » Judy Chicago

Au revoir et à bientôt pour une nouvelle anecdote !

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