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Du féminin au féminisme : un art de la révélation 3/3

Le mot féministe apparaît pour la première fois dans un pamphlet péjoratif d’Alexandre Dumas fils, « L’homme-femme » en 1872. Ce terme émane d’une volonté masculine à refuser d’être l’égal des femmes. Cette volonté s’est théorisée et ancrée à travers les siècles. Il y a 20 000 ans, ce sont les sociétés matriarcales qui dominaient. La femme était au rang de cheffe de famille et les enfants héritaient même de leurs noms. La propriété quand à elle, était encore commune. Contrairement aux sociétés patriarcales, un équilibre existait dans le respect mutuel. En effet, on ignorait encore à cette époque comment les femmes pouvait donner la vie.

En adoration devant Gaïa, la terre fertile, les femmes étaient considérées comme des déesses. Cependant, l’inversion a lieu lorsque les hommes comprennent le rôle qu’ils jouent dans la conception des enfants. Cette découverte leurs permet d’imposer de nouvelles normes. En conséquence, la propriété commune devient privée et dès lors, les hommes vont transmettre un patrimoine à leur descendance. Sous le matriarcat les enfants représentaient au même titre que les adultes, une main d’oeuvre au service de la communauté. Sous le patriarcat, ils deviennent de véritables héritiers. C’est la raison pour laquelle les hommes se mettent à dominer le corps, la sexualité et la vie des femmes, par crainte qu’elles enfantent un illégitime.

D'illusion par Danielle Zerd
« D’illusion » par Danielle Zerd – photos David Comenchal

Le sexe dit « fort » légitime alors sa domination sur les différences biologiques entre les sexes. Ces différences vont conduire à la création de hiérarchies qui par la suite vont devenir des inégalités. Les menstruations vont justifier que les femmes subissent leur corps, tandis que les hommes contrôlent le leur. Jusqu’en 1975, un homme pouvait être acquitté du meurtre de sa femme en étant considéré comme « excusable » si elle l’avait trompé.

Au fil du temps, les mythes et les religions ont répandu et ancré cette vision du monde. À commencer par la mythologie grecque avec le mythe de Pandore, qui marque le début de la domination masculine perpétuant ainsi cette misogynie. De grands philosophes tel que Aristote renforceront les stéréotypes négatifs. Selon ce dernier, « Le tout premier écart est la naissance d’une femelle au lieu d’un mâle ». Quant aux romains, ils ont légitimé l’incapacité juridique des femmes en les qualifiant de « mineurs ». Ils les ont ainsi exclues de la vie politique et sociale. En France, la loi salique de 1574 évince les femmes du trône, maintenant ainsi une hiérarchie entre les sexes. Une fois exclues du pouvoir, elles seront également exclues du savoir.

1 – Le féminisme face au patriarcat

Le premier mouvement féministe

En 1881 les lois Jules Ferry et l’école laïque, gratuite et obligatoire permettent enfin aux femmes d’accéder au savoir. Dès lors, la première vague féministe va naître et les femmes vont peu à peu commencer à s’organiser et revendiquer leurs droits. Ces évolutions sont en partie dues à Olympe de Gouges, guillotinée en 1791 pour avoir rédigé « La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne ». En effet, la nouvelle constitution française ne prenait pas en compte la femme.

Progressivement, les femmes constituent alors différents mouvements dans le but d’être entendue et reconnue en politique. En premier lieu, la première convention des droits des femmes en 1848 à Seneca Falls aux États-Unis. Elle fut suivie par la création de la société « Le droit des femmes » en France en 1876, ou encore la « National Union of Women’s Suffrage Societies » au Royaume-Uni en 1897.

En 1903, la « Women’s Social and Political Union » dont les membres sont connues sous le nom de « suffragette », change de mode d’action. Elles ne se contentent plus uniquement de la parole et leur engagement devient plus physique. Elles entament des actions concrètes pouvant les emmener jusqu’à l’arrestation voir l’incarcération.

Lors des deux grands conflits mondiaux, les femmes vont jouer des rôles décisifs dans l’effort de guerre mais aussi dans la résistance. Elles ont endossé des fonctions et des rôles d’hommes tout en maintenant leurs responsabilités de femmes. Les dirigeants vont être contraints d’admettre que la « faiblesse » des femmes n’est qu’une construction sociale, créée dans le but de les reléguer à la sphère privée. En 1944, Charles De Gaulle accorde aux françaises le droit de vote. Il instaure ainsi l’égalité civique, ce qui clôture ce premier mouvement féministe.

Le deuxième mouvement féministe

Simone de Beauvoir initie le deuxième mouvement féministe dans les années 1960, avec la parution de son livre « Le Deuxième Sexe ». Elle met en évidence les droits non acquis des femmes malgré le droit de vote. Dès lors, les féministes vont se rassembler autour d’une affirmation « La sphère privée est politique ». En effet, les inégalités continuent de régner au sein du foyer. Les femmes, toujours sous une tutelle parentale ou maritale, n’ont pas l’autorisation de gérer leur propre argent.

Le 26 août 1970, l’action « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme » lance Le « Mouvement de Libération des Femmes » (MLF). Il revendiquera par la suite le droit à la contraception et à l’avortement. En 1967, le planning familial offre le droit à la contraception. En 1979, Simone Veil proclame l’obtention du droit à l’avortement. Toutefois, des critiques émergent concernant d’autres oppressions non prises en compte dans le mouvement. Par exemple, celles concernant l’orientation sexuelle ou encore la religion. De ce fait, le mouvement se divisera en différentes branches.

Le troisième mouvement féministe

Le troisième mouvement féministe se rassemble autour de l’identité de chacun et dénonce les systèmes misogynes, racistes, homophobes etc… De là, vont émerger les théories « queers » avec Theresa de Lauretis ou encore Judith Butler. Elles accusent directement le patriarcat, mettant alors en lumière la théorie du genre. Un exemple parmi tant d’autres de ces constructions d’identité de genre : la couleur attribuée à un sexe, le bleu pour les garçons et le rose pour les filles.

Par ailleurs, ces idées sont étroitement liées à la convergence des luttes du féminisme intersectionnel de Kimberlé Williams Crenshaw en 1989. Cette théorie souligne que les minorités subissent également la pression du patriarcat. Des mouvements tels que le collectif « Collage féministe » ou le mouvement #Metoo, luttent contre les féminicides et dénoncent les violences verbales et sexuelles toujours d’actualité. Ces mouvements et prises de paroles sont un réveil pour certaines femmes face aux oppressions.

Néanmoins, les inégalités salariales persistent, la violence contre les femmes perdure et les comportements ne changent pas ou très peu. La culture visuelle dominante prône majoritairement le regard masculin, soit le « mâle gaze » théorisé par Laura Mulvey en 1975. De ce fait, les femmes doivent toujours faire preuve d’ingéniosité pour réussir à sortir du cadre de cette société encore patriarcale. Peut-on alors parler d’une quatrième vague féministe ?

2 – La révélation du féminisme dans l’art

Des artistes féministes vont remettre en question les inégalités et révéler les stéréotypes de genre à travers leurs actions et leurs oeuvres. Comme Rosa Bonheur, Hélène Bertaux, Louise Bourgeois, Niki de Saint-Phalle, Sheila Hicks, Orlan, Kiki Smith, Vanessa Beecroft, Joana vasconcelos, ou encore les membres du collectif « Guerrilla Girls ».

Rosa Bonheur

Rosa Bonheur est une peintre sculpteure française née en 1822. Elle a défié les normes imposées aux femmes dans le monde de l’art du 19ème siècle. Elle a connu une carrière artistique réussie et admirée tout en vivant de manière atypique. En tant que peintre et sculpteure elle se spécialise dans le domaine animalier, considéré comme exclusivement masculin, suscitant de nombreuses critiques. Honorée malgré tout de la Légion d’honneur en 1865, son oeuvre la plus célèbre est « Le marché aux chevaux » (cliquez ici pour voir le tableau) qui démontre bien que le talent ne dépend pas du genre.

Par ailleurs, elle obtient une « permission de travestissement » auprès de la préfecture de police. Cette autorisation lui permet de porter des vêtements confortables et pratiques dans son atelier. Rosa Bonheur fait partie des premières femmes à assumer de porter des vêtements définit comme masculins tels que le pantalon, la paire de bottes ou encore la blouse. Vous pouvez la retrouver en écoutant le podcast « Rosa Bonheur, un talent unique dans la représentation de la vie animale ».

Hélène Bertaux

Hélène Bertaux, née en 1825 est une sculptrice française du 19ème siècle. Influencée par les idées féministes des Saint-Simoniens, elle repousse les limites imposées aux femmes dans le domaine de la sculpture. Elle devient la première femme à sculpter un nu masculin. Reconnue comme artiste, elle milite pour l’éducation artistique des femmes en ouvrant des cours de modelage en 1873. Elle est également récompensée à l’Exposition universelle de 1889 pour son plâtre de « Psyché sous l’empire du mystère ». En 1881, l’artiste constitue l’Union des femmes peintres et sculpteurs, une association soutenant les femmes artistes. Elle organise également un salon annuel sans jury de sélection. Les femmes artistes de l’époque sont souvent perçues comme des muses ou des modèles plutôt que des artistes à part entière reconnus. Ainsi comme d’autres, elle utilise un nom d’emprunt masculin pour signer ses sculptures afin d’éviter les stéréotypes de genre.

En 1897, Hélène obtient l’ouverture de l’École des Beaux-Arts aux femmes. Elle défend également la mixité au Prix de Rome, ce qui devient réalité en 1903 grâce à ses revendications. Elle prend sa retraite en 1897. Vous pouvez la retrouver en écoutant le podcast « Hélène Bertaux, un art pour la reconnaissance de l’expression féminine ».

Louise Bourgeois

Louise Bourgeois, née en 1911 est une sculpteure française qui remet en question les normes familiales. Elle met à mal la figure paternelle dans certaines de ces oeuvres comme « Fillette » en 1968. À l’inverse elle magnifie la figure maternelle avec ses célèbres araignées protectrices « Maman » en 1999. Les oeuvres de l’artiste aspirent ainsi à rééquilibrer les pouvoirs et à réparer les blessures causées par le patriarcat, tout en rendant hommage à la force et à la résilience des femmes. Sans adopter une esthétique spécifiquement féminine, l’artiste explore les problèmes de société liés au genre. Vous pouvez la retrouver en écoutant le podcast « Louise bourgeois artiste…et fille de l’araignée ».

L’oeuvre intitulée « Spiral Woman », réalisée en 1984, représente un monticule d’une femme enlacée dans des bras interminables qui font disparaître sa tête. Elle est plongée dans une situation existentielle où elle semble être à la merci d’une situation physique qui la contraint et l’étouffe. Elle ne peut ni contrôler ni éviter cette situation et se retrouve impuissante, abonnée à son destin. L’œuvre dépeint ainsi la situation inextricable d’une femme en suspension.

L’une des dernières commandes de l’artiste se trouve dans une minuscule chapelle désaffectée du Lubéron. Elle a créé 5 éléments, dont 4 sont sacramentaux. Citons tout d’abord « Mother and Child » datant de 2001, une femme et un enfant placés sous une cloche. Ensuite un bénitier en 2001 dans lequel il n’y a pas d’eau bénite mais qui est en marbre de couleur chair et rempli de seins. Il est difficile de plonger les mains dans cette œuvre sans ressentir une réaction. Cette oeuvre rappelle fortement « Blind man’s Buff », un monticule rempli de mamelles débordantes qui évoque l’Artémis d’Éphèse. Ces sculptures représentent des figures nourricières qui nous interrogent sur la place de la mère, sa toute-puissance et la quête du sacré comme développé dans notre article « La force du féminin sacré : un art de la révélation 1/3 ».

Niki de Saint-Phalle

Niki de Saint-Phalle, née en 1930 est une sculpteure franco-américaine fervente engagée envers la cause féministe. Élevée dans un milieu aristocratique, elle grandit avec l’idée d’un mariage arrangé mais s’y refuse et méprise l’idée.

« J’ai vite compris que les hommes détenaient le pouvoir et c’était précisément ce pouvoir que je voulais. Oui, je leur volerais le feu. Je ne me plierais pas aux limites que ma mère tentait d’imposer à ma vie en raison de mon sexe »

Niki de Saint-Phalle

Cette passion et cette volonté de ne pas se conformer, ont fait de son travail une oeuvre majeure dans l’histoire de l’art. En 1961, elle exprime sa libération et sa puissance à travers sa série « Les tirs », où elle vise des poches de peinture sur toile blanche qui explosent en oeuvres d’art coloré. Cette démarche symbolise sa résistance à la division des rôles basés sur le genre et affirme le pouvoir des femmes. Sa réussite lui permet de rejoindre le mouvement des Nouveaux Réalistes, où elle devient l’unique femme du groupe.

Par la suite, Niki de Saint-Phalle étudie et travaille sur le thème « devenir femme ». Elle représente des archétypes tels que la mariée ou la prostituée, mais aussi des scènes d’accouchements, jouant ainsi avec les notions de soumission et de pouvoir créatif. Les « Nanas » célèbrent la femme moderne à travers des couleurs et des mouvements qui évoquent la liberté, la stature et la puissance féminine. Découvrez son parcours dans l’article « Niki de Saint Phalle, une Nana engagée ».

Sheila Hicks

Sheila Hicks, née en 1934 est une artiste américaine. Elle est influencée par l’étude des textiles précolombiens à Yale et explore dans son art le fil du tissage comme métaphore du dialogue et de la liberté. Les femmes ne veulent plus faire tapisserie. Elle et d’autres artistes pionnières de l’art textile vont utiliser des médiums ambivalents pour représenter à la fois l’exclusion et le savoir-faire féminin. Dans les années 60, elles détournent les techniques traditionnelles pour créer des œuvres novatrices, monumentales et tridimensionnelles sur la scène des mouvements avant-gardistes. Le travail de l’aiguille et du fil, traditionnellement associé aux femmes et à l’univers domestique, a été réapproprié par de nombreuses femmes artistes au cours du 20ème siècle et continue d’être encore exploré aujourd’hui.

Orlan

Orlan, née en 1947 est une artiste performeuse française de plusieurs courant dont le « body art ». En 1977, elle dénonce les stéréotypes de genre à travers son oeuvre emblématique « Le baiser de l’artiste ». Elle expose une sculpture qui représente d’un côté une photographie d’elle en madone, et de l’autre, elle performe elle-même, recouverte d’un buste nu avec l’inscription « Le baiser de l’artiste ». Dans cette oeuvre interactive, les visiteurs ont e choix d’allumer des cierges à « Sainte ORLAN » ou d’échanger un baiser avec « ORLAN-Corps » moyennant cinq francs.

Elle créé ainsi le scandale mais cela va lui permettre d’accéder à la reconnaissance. Cette performance a été présentée lors du 30ème anniversaire de la FIAC, témoignant d’une évolution des mentalités. Orlan dénonce les stéréotypes représentés par l’imagerie chrétienne de la Vierge Marie et de Marie Madeleine. En 1980, sa série « Le drapé – le baroque » démythifie la figure de la sainte. Le travestissement permet de remettre en question sa puissance symbolique et de se libérer de l’héritage maternel étouffant.

Kiki Smith

Chiara (Kiki) Smith, née en 1954 à Nuremberg puis établie aux États-Unis, est une artiste qui pratique l’art pluridisciplinaire depuis ses 20 ans. En 1985, elle représente des organes internes, y compris des organes génitaux, dans son œuvre « How I Know I’m Here ». Ce travail est une réflexion profonde sur le corps féminin, son rapport à la société et aux normes de genre. Dans les années 1990, l’homosexualité et le métissage culturel influencent le travail de l’artiste. Elle utilise le corps comme un moyen de critiquer la représentation érotique traditionnelle de la femme. Elle met également en lumière les pressions et les problèmes sociaux cachés.

En 1993, sa sculpture « Train » met en avant le thème des menstruations. L’artiste y utilise un moulage de cire blanche contrastant avec un flux de sang intense. Des milliers de perles de verre représentent cette matière débordante, reflétant la dégradation et la perte de matérialité du corps féminin. Kiki Smith explore la représentation du corps à travers différentes images et techniques. Au-delà du féminisme, elle aborde également les thèmes de la biologie corporelle et du flux humain.

Elle crée en 1994 « Lilith», une sculpture représentant une femme, peut-être vulnérable ou triste, repliée sur elle-même. Mais son apparence est effrayante ou inquiétante. En effet elle transgresse des normes domestiques habituellement imposées aux femmes. Elle ne tient pas un balai, elle n’est pas assise et elle ne met pas en avant ses atouts physiques. La sculpture de taille humaine à les yeux grands ouverts dans une position qu’on pourrait penser avilissante. Elle est simplement accrochée au mur, tel un tableau. Sa simple présence dérange car elle remet en question les attentes de la société . Cette femme peut être perçue comme une menace car elle ne se trouve pas là où on l’attend.

Dans son oeuvre intitulée « Pyre Woman Kneeling » réalisée en 2002, Kiki Smith représente une femme nue à genoux sur un bûcher. Elle évoque ainsi à la fois l’image de la Vierge et de la sorcière brûlée. L’artiste décrit cette figure avec les bras ouverts en référence à la position christique, exprimant un sentiment d’abandon. Son approche réfléchie expose ce qui est généralement dissimulé. Elle suscite alors une réflexion sur les tabous liés au corps et à la place des femmes.

Vanessa Beecroft

Vanessa Beecroft, artiste féministe née 1969 à Gênes, utilise des performances spectaculaires pour critiquer les normes de beauté et la marchandisation des corps. Entre tableau et podium de mode, elle rassemble des femmes nues ou peu vêtues en groupe, sans costumes ni déguisements. L’artiste invite ses modèles, corps abstraits, à rester immobiles pendant de longues périodes. Cela crée une représentation de féminité spectrale et désincarnée. Les tableaux vivants perturbent le regard, réduisent ainsi l’aspect spectaculaire et montrent peu à peu la fatigue des modèles.

"VB64" par Vanessa Beecroft - photo Hanne
« VB64 » par Vanessa Beecroft – photo Hanne

Joana Vasconcelos

Joana Vasconcelos, née en 1971 et de nationalité portugaise, remet en question les normes établies. Elle invite également à repenser la place de la femme dans son quotidien et dans la société contemporaine. Son art, d’une excentricité et d’une ironie décapante, suscite un engouement passionné. Elle aborde de manière provocante les questions du statut de la femme, de la société de consommation et de l’identité collective. Par exemple son oeuvre « La fiancée », un lustre réalisé avec des tampons hygiéniques, censurée lors de son exposition au Château de Versailles. Découvrez cette artiste dans le podcast « Joana Vasconcelos, tradition et modernité ».

"Esposas" par Joana Vasconcelos
« Esposas » par Joana Vasconcelos

Guerrilla Girls

Les « Guerrilla Girls » apparaissent en 1985, après une exposition du MoMA ne présentant que 13 femmes sur les 169 artistes présents dont 8 artistes de couleur (Site du collectif). Bien que critiquées pour leur manque de diversité, elles sont devenues une voix importante dans le mouvement féministe des arts. Elles ont gagné en popularité lorsque plusieurs organisations majeures les ont soutenus. Ce groupe d’activistes anonymes dénoncent le sexisme et le racisme dans le monde de l’art et de la culture. Elles utilisent l’humour provocateur et ont produit de nombreux posters et actions pour attirer l’attention sur ces problèmes.

L’œuvre la plus célèbre, « Est-ce que les femmes doivent être nues pour entrer au Metropolitan Museum ? », dénonce le manque de représentation des femmes artistes dans les musées. Malgré le port de masque pour préserver leur anonymat, certaines personnes remettent en question leur légitimité. La faute à leur identité blanche et à l’appropriation culturelle de leur pseudonyme. D’autres considèrent que leur travail percutant a plus attiré l’attention sur les musées qu’elles critiquent plutôt que la cause qu’elle défendent.

Affiche "Do women have to be naked to get into the Met. Museum?" Guerilla Girls - photo franziska
Affiche « Do women have to be naked to get into the Met. Museum? » Guerilla Girls – photo franziska

3 – L’égalité des sexes un combat inachevé

En conclusion, le mot « féministe » n’a émergé qu’au 19ème siècle mais il désigne un mouvement qui trouve ses origines dans une longue histoire de lutte contre les inégalités entre les sexes. Des sociétés matriarcales à la domination masculine, en passant par les vagues féministes successives, les femmes ont cherché à revendiquer leurs droits et à déconstruire les stéréotypes de genre. En effet, les artistes femmes ont été réduites à des visions stéréotypées de la féminité. Certaines artistes ont même évité de se positionner comme femmes afin de ne pas se retrouvées réduites à leur identité de genre. Ce biais dans l’analyse de l’art perpétue des stéréotypes sexistes et limite notre compréhension d’une oeuvre.

Cependant, la réception de l’art féminin évolue et permet une redécouverte et une valorisation des femmes en dehors de leurs expériences personnelles. Des artistes féministes comme Louise Bourgeois, Kiki Smith, le collectif Guerrilla Girls et bien d’autres ont joué un rôle important. Elles ont utilisé leur travail pour explorer les inégalités de genre, les stéréotypes et la sous-représentation des femmes dans le monde de l’art. Leurs créations nous incitent à repenser et à remettre en question les normes sociales et les attentes imposées aux femmes.

Le féminisme est tout un art de la révélation des inégalités dans ce qui fait le coeur de nos sociétés humaines. Des progrès ont été accomplis comme l’accès au savoir, le droit de vote, le droit à l’indépendance financière, le droit à la contraception et à l’avortement. Il reste malgré tout encore beaucoup de travail à faire pour parvenir à une véritable égalité entre les deux sexes. Dans cette lutte, il est donc primordial de soutenir et de reconnaître les artistes féministes. Elles demeurent trop peu représentées dans le monde de l’art. Il est crucial de leur donner la possibilité d’innover et de contribuer à l’évolution de la société pour une plus grande égalité de genre.

Les artistes féminines s’inspirent souvent des symboles et des mythes féminins pour explorer des thèmes essentiels tels que la féminité, la maternité et la sororité, ce qui leur donne une voix unique et une perspective alternative. Malgré les défis, les femmes artistes continuent à créer et à repousser les limites de l’expression artistique. Il faudra du temps pour évaluer pleinement l’impact de ces choix artistiques et leur contribution à la lutte féministe. Il s’agira en dernier lieu d’accepter que l’art n’est pas qu’une histoire de sexe.

Pour aller plus avant sur ce sujet, vous pouvez lire cet article « Être femme ET artiste, le nœud du problème… » sur le blog de Mlle Aartus.

Article écrit avec C.M.

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