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L’instant de vie de l’oeuvre dans l’art éphémère

L’instant d’une oeuvre d’art éphémère, c’est un peu comme un feu d’artifice. Ça explose, ça brille, ça fait rêver pendant quelques temps et puis ça disparaît ! Ce style artistique cherche à saisir un instant de beauté, un instant de vie qui glisserait entre les doigts des autres formes d’art plus « traditionnelles ». Les oeuvres sont souvent faites avec des matériaux qui se détériorent rapidement ou qui sont détruites peu de temps après leur réalisation.

Une fresque de rue, oeuvre témoin d'un instant de vie

De la volonté de saisir l’instant

Il faut être là au bon moment pour en profiter, saisir cet instant ! Ces créations passagères peuvent susciter des réflexions sur l’impermanence de la vie et de la nature. Ainsi que sur notre relation avec notre environnement. Rien n’est éternel.

C’est une expérience unique, une vision fugace et éphémère de la beauté qui nous rappelle que tout est voué à se terminer. Seule la volonté de mémoire de l’observateur peut retenir une trace de l’œuvre d’art qu’il est en train de contempler.

Redonner vie à la rue

L’art contextuel est un mouvement artistique apparu dans les années 60. Ce mouvement a cherché à donner à l’individu une place centrale dans l’œuvre. Certains artistes quittent l’espace des musées pour intervenir dans l’espace public et démocratiser le rapport à l’art. Ils proposent ainsi des œuvres gratuites et accessibles à tous. Ce mouvement considère que l’art a un rôle à jouer dans la société en tant que dénonciateur et médiateur de problèmes sociétaux.

Cet art urbain ou rural se caractérise par des interventions éphémères et imprévisibles, en étroite relation avec l’observateur. L’artiste entraîne le spectateur à interroger sa vision du temps en présentant une œuvre qui a une durée limitée. De sa création jusqu’à sa destruction elle est marquée par une évolution du paysage créé par l’œuvre. Ce cycle naturel implique le spectateur à s’interroger sur les concepts telle que la croissance, le hasard, la finitude…

L’art éphémère, permanence et environnement

Les artistes de ce courant contemporain repensent la permanence de l’art et notre rapport à l’environnement. Les œuvres d’artistes tels que Spoerri, Banksy, Christo et Jeanne-Claude, Goldsworthy et bien d’autres encore comme Ben ou Klein, proposent différentes façons de créer à travers différents courants. Nouveau réalisme, street-art, land-art, mettent à l’épreuve la notion d’immuabilité dans l’art. Mais les carrières de ces artistes ne seront pas aussi éphémères que certaines de leurs créations ! Ce style artistique n’était pas considéré comme un mouvement à part entière. Plutôt comme une forme d’expression artistique récente qui est apparue au début du 20ème siècle. Des exemples tels que les happenings apparus à la fin des années 1950 ont ouvert la voie. Ce sont des installations créatives, nées de la volonté d’intégrer l’être humain au sein de l’œuvre d’art.

Les œuvres de Christo et Jeanne-Claude avec les emballages du Reichstag en 1995 et de l’Arc de triomphe en 2021 célèbrent le caractère transitoire de l’art (cliquez ici pour lire une anecdote sur ce couple d’artistes contemporains). L’art éphémère est un véritable défi pour l’artiste qui doit créer une oeuvre qui dure un instant. Cette capacité à transformer des paysages entiers est une leçon sur la relation entre l’art et l’espace public.

Nouveau réalisme, le eat-art

Daniel Spoerri dans les années 50,60 fait du recyclage artistique avant l’heure. Pas besoin de se ruiner en matériaux coûteux. En 1963 il servait des plats préparés, fixait les restes sur la nappe, puis les suspendait comme une peinture au mur. En créant ses « Tableaux-pièges » il invente le Eat Art. Il s’agissait de figer un moment, une sorte de capture d’écran culinaire. Il ouvrira son restaurant à Paris en 1970, baptisé « Le Musée Sentimental », où il a présenté les plats comme des œuvres d’art. Spoerri en mariant l’art et la gastronomie est un pionnier de l’art culinaire. Ce mouvement né du Nouveau réalisme est une célébration de la créativité et de l’imagination, où tout peut devenir une source d’inspiration si on le regarde avec des yeux différents. Et, pas besoin de dépenser des sommes folles.

art urbain : le fourgon devient oeuvre

L’art urbain, un instantané de la société

L’art urbain met à jour de véritables pépites avec des illustrations décalées et des slogans accrocheurs. Le message est souvent provocateur, anti-autoritaire et anti-conformiste.

Banksy l’artiste urbain britannique, se baladant de nuit avec ses pochoirs et ses bombes de peinture pour créer des œuvres uniques sur les murs et bâtiments à travers le monde. Mais ses créations ne vivent souvent que quelques semaines ou mois avant d’être vandalisées, recouvertes ou détruites par les autorités ou les propriétaires. Cependant, cette fugacité ne diminue pas l’importance artistique et l’impact émotionnel de ses réalisations, souvent recherchées par les fans avant leur disparition. Des entreprises et des collectionneurs privés ont même mis en place des procédures pour préserver ses œuvres. Banksy crée aussi régulièrement des installations temporaires dans les musées et galeries. Ses expositions « Dismaland » en 2015 et « The Walled Off Hotel » de 2017 ont été des événements majeurs dans le monde de l’art contemporain.

L’art éphémère révèle que l’instant de vie d’une oeuvre d’art ne doit pas limiter sa valeur ou son importance artistique. Cela ne doit pas limiter sa valeur ou son importance artistique. Au contraire, les œuvres passagères de l’art urbain peuvent inspirer des moments de réflexion et d’émerveillement, tout en nous rappelant la beauté fragile de la vie et de la nature.

oeuvre de land art : une arche éphémère en pierre

Le Land-art, l’éphémère de la nature

Pour la grande majorité, le land art se vit par des dessins ou des sculptures dans le sable, voués à être effacés par la mer, ou par des cairns, monticules de pierres en équilibre. Les artistes français J.ben et Michel Jobard poussent le travail de dessin dans le sable « Beach-art ». La richesse des motifs, la taille des œuvres et toujours cette poésie dans une œuvre rendue à la nature. Pour l’artiste anglais Andy Goldsworthy né en 1956, la nature est le point central de son travail. Il utilise des matériaux naturels tels que la pierre, la neige, les feuilles et les fleurs pour créer ses œuvres. Cependant, sa création est éphémère, ce qui signifie que le temps et l’environnement ont un impact sur leur durabilité. Elles sont destinées à se détruire à un moment ou à un autre, comme une leçon de l’impermanence.

Cette évolution du rapport entre l’art et le paysage permet de repenser notre relation à l’environnement. Elle permet d’imaginer de nouveaux horizons pour cet art contemporain qui investit l’espace. Cela permet ainsi de renouer avec la contemplation de la nature, tout en donnant un nouveau sens à la notion de paysage. Son travail nous permet également de voir les œuvres d’art comme des moyens de réconcilier l’homme et la nature. Il crée en partenariat avec le Musée Gassendi et l’UNESCO Géoparc de Haute-Provence, un parcours unique en Europe travers des paysages sur 150 km. « Refuge d’Art » est une seule œuvre d’art à parcourir en une dizaine de jours de marche.

De l’éphémère à l’éternité

Bien qu’elles ne restent pas longtemps, les œuvres éphémères peuvent avoir un impact émotionnel puissant sur ceux qui les contemplent. Elles offrent ainsi des moments de réflexion et d’émerveillement. La durée de vie d’une œuvre d’art n’est pas un critère déterminant sa valeur ou son importance artistique. Les œuvres éphémères ont leur place dans le monde de l’art au même titre que les œuvres permanentes. L’oeuvre d’art éphémère est un instant d’intensité. En outre, documentées en photos ou vidéos, les générations futures peuvent apprécier ces merveilles fugaces.

Les œuvres permanentes comme la peinture, les sculptures reflètent quand à elles notre patrimoine culturel. Leur présence renforce le lien entre nous et notre histoire, offrant ainsi un aperçu de celle-ci aux générations futures. Les œuvres éphémères avec leur notion de passage sont à savourer pleinement avant qu’elles ne disparaissent.

l'art du mandala, des moines réalisent une oeuvre éphémère de l'instant

Le mandala, l’instant transitoire

Je voudrais finir cette article avec un clin d’œil au mandala (cliquez ici pour voir la page Wikipedia consacrée au mandala). Cette création, qui date du 8ème siècle, est très répandue en Inde et au Tibet. C’est une œuvre d’art à la fois concrète et spirituelle. Les moines la réalisent en une ou deux journées à partir de poudres de riz, de sables colorés, d’ocres ou de fleurs. Le mandala est une offrande divine. Une fois terminé, le lama dissous le mandala ou le laisse au vent pour rappeler l’instabilité de toute chose. Cette pratique enseigne que ce qui est matériel est éphémère, tandis que ce qui est non matériel est éternel. Ainsi en disparaissant, il consacre sa beauté au rang de l’infini.

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