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Sculptures ou casse-têtes : un voyage au cœur de l’innovation

La sculpture joue un rôle primordial dans la matérialisation de notre instinct de découverte et d’innovation. Depuis l’aube de la civilisation la sculpture a toujours guidé notre exploration du monde et de nous-mêmes. Nos ancêtres ont sculpté la pierre pour créer des outils indispensables à leur survie. Aujourd’hui l’art devient interactif et mystérieux. Historiquement perçue comme un art traditionnel, la sculpture se réinvente et repousser constamment ses propres frontières. Elle nous invite à une quête incessante de sens et de surprises.

Plongeons dans l’œuvre de sculpteurs contemporains tels que Miguel Ortiz Berrocal, Jim Sanborn, Fleet Hower, Michael McGinnis et Chuck Hoberman. Découvrons un univers où l’art se fond harmonieusement avec la science, l’ingénierie et la technologie. Ces artistes visionnaires ne se contentent pas de créer des œuvres d’art. Ils défient en effet notre perception. Ils nous incitent à nous engager activement dans l’expérience artistique et transforment parfois cette expérience en jeu ou en énigme. À travers ces explorations sculpturales, nous sommes encouragés à voir au-delà des apparences et à embrasser un monde de potentialités infinies. Chaque interaction enrichit en effet notre compréhension de l’art, du savoir et de la technologie.

L’art de la curiosité

L’art de la sculpture a toujours su éveiller notre curiosité innée et notre désir d’exploration des caractéristiques fondamentales de l’espèce humaine. Ce besoin d’innover et de découvrir nous pousse à sortir des sentiers battus pour embrasser l’inconnu. La curiosité est souvent vue comme un défaut. Des récits comme celui d’Ève et de la pomme ou de la boîte de Pandore illustre bien cet aspect. Elle est en réalité un moteur essentiel dans notre quête de savoir, cruciale pour notre survie et notre épanouissement. Elle nous incite à nous aventurer au-delà de ce que nous connaissons. Nous avons pénétré une grotte obscure pour trouver du silex et faire jaillir le feu. Cela implique parfois de prendre des risques et d’accepter ne pas tout savoir.

La curiosité se manifeste sous deux formes principales. D’un côté l’exploration de la nouveauté pour réduire l’incertitude, de l’autre l’information différentielle, où un indice préalable suscite notre intérêt pour combler nos lacunes de connaissance. Ces aspects se complètent et nous poussent à découvrir et à apprendre constamment selon la manière dont une énigme est présentée.

Miguel Ortiz Berrocal : des sculptures-puzzles interactives

Miguel Ortiz Berrocal, sculpteur espagnol, est célèbre pour ses sculptures-puzzles uniques. Elles peuvent être démontées en pièces abstraites. Ses œuvres vont de sculptures monumentales à des pièces plus petites incluant souvent des miniatures et des bijoux. Berrocal s’est installé en Italie de 1967 à 2004, collaborant avec de nombreuses fonderies et attirant des artistes renommés à Vérone, une ville transformée en centre artistique par ses efforts.

Son talent artistique se manifeste dès l’enfance. Miguel crée des jouets à partir de matériaux recyclés et réalise des peintures avec ses propres couleurs. Influencé par le Musée du Prado et ses études dans plusieurs écoles d’art, il renforce sa formation artistique à Madrid. Des amitiés avec des artistes comme Ángel Ferrant ont marqué Berrocal. Sa découverte de l’œuvre de Picasso en Italie a profondément impacté sa vision artistique. Il explore la multiplicité des formes et des volumes dans ses œuvres.

Des œuvres faîtes pour être manipulées

Dans les années 1960, il importe en Italie la technique Shaw pour la fonte artistique. L’artiste développe ainsi des sculptures complexes comme « Adamo Secundus » et « David ». Chaque sculpture-puzzle, composée de multiples éléments, offre la possibilité d’être assemblée et désassemblée. Elle engage ainsi le spectateur dans une interaction active et ludique. Cette approche novatrice mélange habilement art et ingénierie, transformant l’expérience esthétique en un jeu de découverte, tout en repoussant les limites traditionnelles de la sculpture.

Berrocal a conçu des monuments urbains et des œuvres monumentales à l’échelle internationale. L’utilisation de matériaux innovants comme le Kevlar et son engagement dans des projets éducatifs et conférenciers ont démontré son intérêt constant pour la symbiose entre l’art, la science et la technologie. Jusqu’à sa mort en 2006, Berrocal a créé et partagé son temps entre les projets artistiques et un retour aux racines dans sa ville natale de Villanueva de Algaidas. Là bas, la Fundación Escultor Berrocal continue de préserver et promouvoir son héritage. Ses sculptures-puzzles et sa capacité à marier art et innovation font aujourd’hui de lui une figure emblématique de la sculpture moderne.

Jim Sanborn : curiosité scientifique

Jim Sanborn, originaire de Washington D.C. et ayant grandi en Virginie, a suivi ses études à la Burgundy Farm Country Day School et au lycée JEB Stuart. En 1968, il obtient un diplôme en paléontologie, beaux-arts, et anthropologie sociale du Randolph-Macon College. Il passe ensuite une maîtrise en sculpture au Pratt Institute en 1971. Professeur au Montgomery College et artiste en résidence à Glen Echo Park, ses œuvres ont orné de nombreux musées prestigieux et des lieux comme le MIT, la CIA et la NOAA.

Jim Sanborn travaille souvent avec des concepts scientifiques et des lois du mouvement, cherchant à dévoiler l’invisible. Il aborde des sujets comme le magnétisme, l’effet Coriolis, et les mystères atomiques. Ses pièces telles que « Atomic Time : Pure Science and Seduction » et « Critical Assembly » explorent l’énergie atomique et la physique expérimentale. Lors de la Biennale des Amériques de 2010, il présente « Physique terrestre », un projet utilisant un générateur Van de Graaff pour créer un accélérateur de particules fonctionnel. Sanborn a également réalisé des projets extérieurs interactifs comme « Coastline » à la NOAA. Inspiré par l’histoire iroquoise , il créé le parc « Indian Run » qui comprend une sculpture lumineuse et des artefacts dispersés.

L’énigme Kryptos

La sculpture « Kryptos », inaugurée en 1990 au siège de la CIA, reste un mystère avec ses messages cryptés. Conçue en collaboration avec le cryptographe Edward Scheidt, cette œuvre combine granit, bois pétrifié et cuivre, avec environ 2000 lettres formant des messages codés. Seuls trois des quatre segments ont été déchiffrés par des cryptanalystes comme James Gillogly et David Stein. Un segment non résolu continue de captiver de nombreux passionnés de cryptographie.

« Kryptos », dont le nom signifie « caché », défie les experts du décryptage depuis des décennies. Des clubs, blogs, et forums dédiés à cette énigme ont émergé. Ils utilisent des techniques telles que le chiffre de Vigenère pour faire avancer les recherches. Malgré quelques indices fournis par Sanborn pour éclairer la dernière partie, le secret reste inviolé. Ce dernier espère sa résolution au cours de sa vie. Des plate-formes comme celle d’Elonka Dunin continuent de soutenir ceux qui explorent ce défi cryptographique passionnant.

Fleet Hower : Design et technologie des puzzles 3D

Le designer de Brooklyn, Fleet Hower, a fusionné sa passion pour les puzzles, son master of architecture et son expertise en design numérique pour donner vie à des puzzles 3D originaux. Son goût pour les formes géométriques élaborées l’a inspiré à créer les puzzles « Locknesters » à l’aide d’une imprimante 3D de bureau. Une méthode rapide et simple d’expérimentation afin d’ajuster les pièces. Fleet Hower s’est ensuite associé à 3D Hubs, un réseau global de plus de 8 000 imprimeurs 3D répartis dans 140 pays, pour la fabrication et la distribution de ses puzzles. Hower a commencé avec quelques modèles dont un ours, un cochon ou encore un canard, utilisant des couleurs flashy.

Aujourd’hui, le designer a repensé sa production dans son atelier. Dans ce sens il a aligné des imprimantes 3D afin de répliquer les pièces. Toutefois, souhaitant valoriser les œuvres, il opte désormais pour une finition en plusieurs étapes. Il utilise pour cela des techniques éprouvées : ponçage, polissage avec un mélange d’eau et de sable. Il obtient ainsi des rendus et couleurs uniques pour chaque pièce de chaque œuvre, les transformant en objet de design à part entière. Découvrez d’autres modèles et processus sur son compte Instagram.

Michael McGinnis : Perplexus, le labyrinthe cérébral

Michael McGinnis, artiste et inventeur passionné par les labyrinthes, a développé dès le lycée une idée innovante. Durant ses années d’études à Petaluma en Californie son professeur d’art plastique leur donne comme projet à réaliser un jeu de plateau. Le jeune Michael conçoit un jeu de course de billes qu’il transforme ensuite en un labyrinthe en trois dimensions dans un cube. Ce prototype original, appelé « Équilibre Hable », rencontre un succès immédiat dans son école. Il est remarqué lors du Salon du jouet d’artiste de Santa Rosa en 1979. Malgré l’intérêt suscité, McGinnis s’est vite aperçu que commercialiser son invention demande bien plus que de simples présentations publiques.

Un passage en production difficile

Après avoir étudié la sculpture et enrichi sa vision artistique, il s’est confronté à la réalité commerciale, cherchant à produire en série son invention. Malgré des recherches intensives et des appels aux grands noms de l’industrie comme Hasbro qui n’ont pas abouti, il a persisté avec le soutien indéfectible de son épouse.

Le tournant est survenu après une rencontre fortuite avec KID Interactive grâce à Erin Montague, qui a facilité sa connexion avec l’industrie du jouet. Michael et l’équipe de KID ont travaillé ensemble pour perfectionner le concept initial. Le cube original devient une sphère plus fonctionnelle et pratique à manipuler. Ce processus méticuleux a abouti à la création du Perplexus, connaissant un succès fulgurant. En 2002, McGinnis a lancé le Superplexus, puis diversifiées itérations telles que Perplexus Epic et Perplexus Warp, qui ont confirmé la popularité durable de son concept.

Persévérance et passion

Ce parcours démontre l’application des compétences spatiales et motrices dans un contexte ludique. McGinnis, en tant qu’artiste multi-facette et inventeur, est également titulaire de brevets pour des dispositifs d’encadrement, ce qui témoigne de sa capacité à marier art, artisanat et innovation technique. Michael McGinnis souligne l’importance de la persévérance, de la passion et de l’innovation face aux obstacles. L’artiste continue de s’impliquer dans des projets qui reflètent son engagement envers la créativité et le jeu comme moyen d’apprentissage et de développement personnel. En fin de compte, l’histoire de McGinnis incarne le triomphe de la détermination et de l’ingéniosité sur les difficultés rencontrées tout au long du parcours entrepreneurial.

Chuck Hoberman : structures pliantes et dynamiques en art cinétique

Chuck Hoberman est un artiste, ingénieur, architecte et inventeur réputé pour ses créations innovantes. Fils d’un architecte et de Mary Ann Hoberman, auteure de livres pour enfants, Chuck est attiré par l’art dès son jeune âge. Il étudie les arts libéraux à Cooper Union à New York, avant d’obtenir une licence en sculpture et une maîtrise en génie mécanique à l’Université Columbia. Pendant ses études, il s’intéresse à l’art cinétique, réalisant des sculptures mobiles.

Après ses études, Hoberman travaille dans une entreprise d’ingénierie robotique. Il y développe ses compétences en modélisation par ordinateur. Après six ans, il décide de se concentrer entièrement sur ses projets artistiques et techniques. Cela l’a conduit à créer des installations temporaires et permanentes intégrant art et ingénierie.

Chuck Hoberman est reconnu pour ses installations architecturales innovantes et ses jouets pliants. Parmi ses réalisations majeures, on retrouve « l’Arche Hoberman », conçue pour les Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002. Ses célèbres « Sphères Hoberman » motorisées sont exposées dans des centres scientifiques en Estonie et aux États-Unis. Il a également créé des façades de bâtiments transformables à l’Université Harvard et à l’Université Stony Brook. Hoberman a contribué à des expositions dans des musées prestigieux tels que le MoMA et le Centre Pompidou.

Dans le domaine des spectacles, il conçoit un écran vidéo extensible impressionnant pour la tournée mondiale « 360° » de U2. En plus de ses installations, Hoberman développe des jouets innovants comme le « Brain Twist » et le « Switch Pitch », alliant créativité et mécanique. Au cours de sa carrière, il a reçu de nombreux prix, comme le Chrysler Design Award en 1997.

Quand l’art devient un pont vers la découverte

La curiosité en sculpture n’est pas simplement une quête incessante de nouveauté, mais un véritable moteur d’innovation et d’interaction. L’art de la sculpture, tel que célébré par des figures emblématiques comme Miguel Ortiz Berrocal, Jim Sanborn, Fleet Hower, Michael McGinnis et Chuck Hoberman, illustre comment la curiosité peut transformer une simple œuvre d’art en une expérience immersive et éducative. Ces artistes pionniers ont repoussé les limites de la créativité, en intégrant science et technologie dans leurs travaux, tout en éveillant notre désir d’exploration.

Leurs œuvres sont bien plus que de simples sculptures. Elles sont des énigmes à résoudre, des objets d’expérimentation et des ponts entre l’art et la science. Berrocal, avec ses sculptures-puzzles interactives, et Sanborn, avec son mystérieux « Kryptos », ont su capter l’imagination et stimuler la réflexion. Hower, avec ses puzzles 3D, et McGinnis, créateur du Perplexus, ont transformé le jeu en une aventure tactile et mentale. Hoberman, en croisant ingénierie et esthétique, a réinventé la notion même de structure dans ses œuvres cinétiques.

Dans cette quête perpétuelle de nouvelles connaissances, la sculpture devient ainsi un véhicule parfait pour la créativité et l’innovation. En nous permettant de nous engager activement dans la découverte, elle transforme notre approche passive de spectateur en un rôle actif où nous sommes à la fois solistes et chefs d’orchestre de l’expérience artistique. Ce voyage à travers les énigmes sculpturales ne fait que souligner l’interconnexion entre art, science et technologie, rappelant que la curiosité, loin d’être un défaut, est la clé de l’évolution et de l’avancement humain.

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