Podcast: Download (Duration: 9:47 — 11.2MB)
S'inscrire au podcast via une plateforme Apple Podcasts | Spotify | Android | Deezer | RSS
Un artiste, une anecdote sur Xavier Veilhan, l’artiste qui fusionne art et ingénierie dans la sculpture contemporaine.
Xavier Veilhan, né en 1963 à Lyon, est un artiste français établi à Paris. Après avoir obtenu un diplôme de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris en 1983, il continue sa formation à l’université des arts de Berlin ainsi qu’à l’Institut des hautes études en arts plastiques à Paris. Dès les années 1980, Veilhan embrasse une approche artistique qui fusionne classicisme et innovations technologiques. La même année, il co-fonde le fanzine Blank et le collectif artistique Zig-Zag, tout en animant une émission radio sur Cité future.II réalise des décors pour des défilés de mode et des pochettes de disques pour des groupes comme Les Rita Mitsouko.
En 1995, Veilhan se fait remarquer avec « Le Véhicule », une œuvre cinétique innovante composée d’un châssis, de roues de vélo et d’un petit moteur à réaction. Présentée dans des lieux atypiques comme le parking d’un supermarché et le toit d’une discothèque bordelaise, cette création témoigne de son intérêt pour la mécanique et le mouvement. Cet artiste s’intéresse particulièrement aux moments qui suivent immédiatement la création d’un prototype.
En 1996, Veilhan présente « Le Feu », une cheminée Gyrofocus suspendue au plafond de l’espace d’exposition du CAC Brétigny. Sa forme de nid noir crée une zone invitant le public à s’asseoir. Il souligne également que l’espace se destine non seulement à l’exposition d’objets, mais aussi à l’usage et à la convivialité. La même année, l’artiste présente « Le Tour », un scooter capable d’actionner une roue de potier. Veilhan fusionne ainsi ingénierie et art utilitaire.
Xavier Veilhan invite en 1998 à un voyage introspectif avec « Se perdre dans la Forêt ». L’œuvre évoque l’enfance et les contes de fées. Cette installation sculpturale met en scène sous une lumière froide de néons des troncs d’arbres dépourvus de feuillage. Du feutre couvre murs, plafond et troncs. Cette forêt veut ainsi proposer un espace dans lequel les visiteurs deviennent acteurs en explorant visuellement et tactilement cet environnement. Le feutre, doux au toucher, cache en réalité une critique de la déforestation. Une mise en lumière de la violence humaine envers la nature.
L’artiste Xavier Veilhan reconstruit partiellement « La Ford T » en 1999. Elle se déplace sur un rail métallique, évoquant les chaînes de montage. L’œuvre se concentre sur la fonction voiture incluant carrosserie, roues, volant et un moteur d’origine restauré. Présentée sur un rail ou au sol, elle fait des vas et vient aux côtés du visiteur mais n’aboutit à rien. L’artiste critique ainsi la mécanisation industrielle.
Avec « Les Vélos » en 2000, Xavier Veilhan présente une série de 3 bicyclettes expérimentales. La première est entière, la seconde n’a pas de freins et le guidon est droit. La troisième se trouve réduite à un cadre rectangulaire sur pneus, surmonté d’une selle et d’un guidon droit fixe, sans pédales. La même année Veilhan crée « Le Rhinocéros » pour la vitrine de la boutique Yves Saint Laurent à SoHo, New York en 2000. Cette sculpture en résine de polyester rouge est désormais conservée au Centre Pompidou à Paris.
En 2004 le Centre Pompidou présente « Le Grand Mobile » de Veilhan. Cette installation monumentale se compose de 25 sphères noires suspendues. Elle évoque une bulle de pensée collective, occupant alors le volume du Forum sans imposer sa présence. La même année, la ville de Tours accueille « Le Monstre », une œuvre monumentale de 4 mètres de haut installée sur la place du Grand Marché.
L’exposition « Sculptures automatiques » de 2006 présente des machines créées par Veilhan. Elles sculptent des modèles basés sur des scannes de ses proches. L’artiste revisite ainsi des thèmes classiques, tels que la recherche de l’idéal, avec une touche d’ironie. Par exemple sa version du « David » de Michel-Ange mesurant seulement 66 centimètres. Construite en lamelles de bois sans support, elle offre ainsi une nouvelle perspective sur cette icône.
Dans ses sculptures animalières, Veilhan joue avec la perception physique et abstraite, en conservant l’échelle réelle des sujets tout en les dépouillant de leur caractère menaçant, préservant ainsi leur noblesse.
En 2009, le Château de Versailles accueille des œuvres de Veilhan. L’artiste y présente « Le Carrosse », une œuvre de 15 mètres de long en tôles d’acier soudées et peintes en violet. La vision de l’artiste volontairement déformée, dynamique, le mouvement figé du carrosse du Roi Soleil. Certaines pièces ont été critiquées, manque de clarté ou pertinence contextuelle. Quelques conservateurs ont exprimé des réserves quant à la présence de l’art contemporain au château de Versailles.
En 2014, Xavier Veilhan poursuit Richard Orlinski pour « parasitisme ». Les sculptures géométriques d’Orlinski ressembleraient trop aux siennes. Une affaire qui met en lumière les défis de la propriété intellectuelle dans l’art contemporain. Retrouvez ce cas ainsi que d’autres dans l’article « La loi et l’art : un défi pour la créativité contemporaine ».
Il est nommé Officier des Arts et des Lettres en 2015 et ses archives sont conservées à la Bibliothèque Kandinsky. Son travail, qui varie de la sculpture à l’installation en passant par la vidéo, est conçu comme un « outil de vision » pour explorer notre passé, présent et futur.
En 2017, lors de la 57e Biennale de Venise, Veilhan représente la France avec « Studio Venezia ». L’artiste transforme alors le Pavillon français en un studio d’enregistrement fonctionnel. Des musiciens comme Brian Eno, Sébastien Tellier et Éliane Radigue y enregistrent. Cela permet au public d’observer le processus créatif.
En 2020, les sculptures monumentales « Vårbergs Jättar », créées par Xavier Veilhan et Alexis Bertrand, sont inaugurées à Stockholm. Commandées par Stockholm konst et la Ville de Stockholm, ces œuvres sont composées de 89 blocs de béton bleu ciel. Elles représentent des géants de la mythologie nordique et établissent ainsi un dialogue entre art, culture et espace public.
À l’occasion des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, la FOCP commande à Xavier Veilhan une œuvre permanente intitulée « The Audience ». Celle-ci incarne les valeurs olympiques à travers cinq personnages symbolisant les spectateurs du monde entier.
Lors de son exposition « Autofocus » à la galerie Perrotin en 2021, Xavier Veilhan joue avec les perceptions. Les œuvres présentées sont effectivement simplifiées, ne révélant aucun détails, uniquement des formes, des postures. C’est le spectateur qui reconstruit la sculpture.
Le projet « Crop Top » présenté à Stockholm en 2024, adopte une approche écologique. Veilhan fait transporter ses œuvres depuis l’Allemagne par voilier plutôt que par avion. L’artiste intègre une conscience environnementale dans la création, réduisant ainsi l’empreinte carbone de son projet.
Xavier Veilhan réalise « Saint-Georges et le Dragon » en 2024, une sculpture monumentale installée à Mons en Belgique. L’œuvre alliant mythe et modernité n’a pas fait l’unanimité parmi les habitants. La ville souhaitait une œuvre qui puisse également rayonner en dehors du patrimoine local.
Dans son travail d’artiste, Xavier Veilhan explore la déconstruction. Il fait alors se rencontrer absurde et ingéniosité artistique. Ses œuvres, polygonales ou en courbes de niveau, tendent ainsi à rechercher la limite, le flou, entre le sujet et sa représentation, sa forme.
« La vocation est un travail qui se construit. Il n’y a pas vraiment d’influence qui vienne de l’extérieur uniquement, ni une nature de la personne, c’est la rencontre des deux. » Xavier Veilhan
Au revoir et à bientôt pour une nouvelle anecdote !